jeudi 31 mars 2016

A tort et à raison - R. Harwood - théâtre Hébertot


Site du théâtre Hébertot ICI
A tort et à raison
Ronald Harwood
Mise en scène Georges Werler

Avec Michel Bouquet, Francis Lombrail, Juliette Carre, Didier Brice, Margaux Van Den Plas, Damien Zanoly

Berlin 1946. Le commandant Steve Arnold, pas du tout mélomane, la grande musique l’ennuie à un point ! Il doit cependant juger, confronter, faire tomber de son piédestal, un des plus grands chefs d’orchestre allemand. Wilhelm Furtwängler a refusé de quitter l’Allemagne nazie, mais il a aidé des juifs à s’enfuir, il a toujours joué la musique de compositeurs juifs, malgré la pression des nazis, mais aujourd’hui il est au ban de la société, c’est la dénazification pour cet homme cultivé, qui a baigné depuis son enfance dans la musique et la Culture. Comme tous les grands chefs, il a des rivaux, Toscanini l’Italien qui a fui l’Italie fasciste pour les USA et il n’aime guère le jeune Herbert Von K…

Arnold lui oppose les camps de concentration à sa musique, Furtwängler ne vit que pour la musique, il ne veut pas entendre parler de politique, il a ses convictions, il a été forcé de jouer devant Hitler (ton copain Adolf comme lui dit le commandant !), pas facile de renoncer à quitter sa patrie. Le commandant ne veut même pas se laisser convaincre par les défenseurs du musicien, il poussera même un des anciens violons de la Philarmonie à « collaborer » et trouver des failles à Furtwängler, même sur sa vie privée !


Michel Bouquet reprend son rôle créé en 1999, il a l’humanité qu’il faut, le désespoir et l’incompréhension devant ce tribunal militaire. Lombrail est un commandant qui joue avec sincérité, il n’a aucune admiration, comme ses jeunes collègues, pour la musique, encore moins pour le chef allemand. Comment peut-on fermer les yeux devant l’horreur des camps et parler de la beauté de la musique ?

Depuis les attentats de Paris et de Bruxelles, on entend ou on lit, la Culture contre la barbarie. Oui mais, si les bourreaux ont aussi une culture, comment peut-on être sûr que les belles lettres, la musique, la danse et autres expressions artistiques vont faire cesser le bruit des bottes ou le tir des canons ?

Ronald Harwood a écrit le scénario du film  « Le pianiste » de Polanski, de « Quartett » où l’on retrouve aussi la musique. « L’Habilleur » se passe dans le milieu théâtral, et pendant la seconde guerre mondiale, « Collaboration » est pour moi à l’identique de « A tort et à raison », le compositeur Richard Strauss a lui aussi été jugé pour avoir servi le régime nazi.


Yehudi Menuhin a défendu Wilhelm Furtwängler dans son autobiographie (Voyage inachevé - éditions du Seuil), le juif Menuhin a joué le concerto pour violon de Beethoven sous la direction du chef allemand en 1947 à Berlin.


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