dimanche 8 mars 2009

Nous sommes une femme - Petit théâtre des variétés



NOUS SOMMES UNE FEMME
De Charlotte Matzneff et Jean-Philippe Daguerre

 Mise en scène JP Daguerre

Séverine Delbosse
Charlotte Matzneff
Thierry Batteux


Quand Internet et le hasard s’en mêle (emmêle) !

Avec des prénoms unisexes, l’ambigüité est au rendez-vous de cette comédie pleine de surprises.

Au lever du rideau rouge, Claude, pensive, aiguise ses couteaux… elle est vêtue de noir, son appartement est également dans les tons noirs et gris. Elle attend un invité, la table est mise, le chandelier éclaire la scène. On sonne à la porte et apparaît Sacha, une jeune femme blonde pétillante mais pas « le » Sacha qu’elle attendait. Sacha n’est pas bien compliquée, quoique… elle pense que Claude porte le même prénom que l’homme avec qui elle croit avoir rendez -vous également !

Claude manifestement est très déçue, Sacha est un prénom masculin ! Mais non, c’est le diminutif d’Alexandra également ! Alexandra/Sacha décrète que l’annonce de Claude était mal rédigée, « Claude J.F. »  - elle pensait que c’était un second prénom - « Jean-François, par exemple » ! Claude est un peu agacée de cette perte de temps avec cette blondinette, future star de la télé. Mais pour éviter la solitude elle l’a convainc de rester dîner. Elle aime bien aussi lui faire peur… lui faire croire que… Leur seul point commun : Internet. Claude est une habituée, pour Sacha c’était une première.

La seule chose qui relie Sacha à l’extérieur, c’est son portable, avec au bout sa maman qui appelle, pour le magnétoscope, l’internet, comment se passe la soirée…

On ressent une ambiance spéciale, un peu « gothique » avec des sous-entendus de Claude qui  ne rassurent guère notre Sacha. On ne sait pas trop comment cela va tourner. Et puis tout ça c’est la faute à la solitude, on croit rencontrer des foules d’amis, parce qu’on se branche sur Internet, on est quand même seul(e) devant l’écran de l’ordinateur ou de la télé.

Claude préfère encore la compagnie de Sacha à ses souvenirs enfouis dans le placard du fond… que peut-elle bien y cacher d’ailleurs ? On sonne à nouveau et voici Camille… Enfin un homme ! Par contre il s’est trompé de jour. Sacha profite de l’aubaine, pour lui faire les honneurs de la soirée et cette présence la rassure.

Camille est un ancien chanteur/magicien, et grâce à lui, la soirée tourne à la fête. Rires, chansons, tours de magie, on voit une Sacha déchaînée et éméchée qui enchaîne les bons mots, les lapsus et surtout ses impayables imitations de la petite souris ou du brontosaure !

On passe un très bon moment festif, drôle, parfois inquiétant, les comédiens sont excellents, les tours de chant et de magie allègent l’ambiance complexe de l’histoire, de Claude et ses « corbeaux », l’abatage de Sacha est une bouffée d’air frais.

La fin de l’histoire… je ne vous raconte pas il faut y aller !

jeudi 5 mars 2009

L'alpenage de KNOBST - Horwitz - Théâtre 14


L’ALPENAGE DE KNOBST
Jean-Loup Horwitz http://www.spectacles.fr/artiste/jean-loup-horwitz
Théâtre 14
Mise en scène : Xavier Lemaire
Décors et costumes Caroline Mexme
Lumière François-Eric Valentin

Avec Laurence Breheret, Benjamin Brenière, Jacques Brunet, Xavier Lemaire, Guy  Moign, Katia Tchenko, Letti Laubiès.

C’est une très amusante comédie que je vous conseille d’aller voir si elle passe en tournée près de chez vous. Une découverte très originale.

Sur la scène, une salle de théâtre bien abîmée… entre un couple de retraités, elle toute pimpante et ravie de sortir, lui, est bien obligé de suivre ! Ils sont très en avance, mais il fallait bien trouver une place pour se garer dans ce quartier pourri !

L’ouvreuse les installe, mais le fauteuil de la dame lui cause bien du souci, les fauteuils sont aussi dégradés que le théâtre, et un vilain ressort vrille le fondement de Madame ! Son mari excédé, lui cède son fauteuil. En attendant, ce rideau ne se lève toujours pas, lui en a plus qu’assez de ces pièces contemporaines où le traîne sa femme.

Un autre couple, plus jeune, lui est comédien et le fait bien savoir dès qu’ils entrent. Il blague avec l’ouvreuse, il a des invitations, c’est l’ami d’un des comédiens du spectacle. Sa femme, s’oblige à le suivre, mais elle travaille tôt le matin elle est infirmière et le monde du spectacle ne la tente pas plus que ça ! Mais le spectacle ne commence toujours pas. Tout le monde s’énerve, en plus le fiancé de l’ouvreuse provoque tout ce petit monde, il fume dans la salle, il s’assied n’importe comment.

Pendant ce temps, le théâtre craquelle, se fissure peu à peu, le 1er balcon s’effondrera, ils ne peuvent plus sortir ! Le fiancé part chercher du secours, on retrouve son cadavre quelques temps après…. L’ouvreuse finit par avouer que l’était de délabrement est tel, qu’un comédien a disparu au travers du plancher et qu’on ne l’a plus revu…

S’ensuit quelques scènes délirantes, drôles, alambiquées, on se demande quand même comment tout cela va se terminer.

Et puis l’auteur-directeur apparaît, il est content de lui, tout s’imbrique comme il le souhaite…

Il y a des vérités sur la culture, le public, sur la vie, tout le monde se reconnaît ou connaît une situation similaire. On a un peu le frisson quand on les entend dire que les gens n’aiment plus guère réfléchir et qu’ils consomment n’importe quoi.