jeudi 31 janvier 2013

L'Eden cinéma - Duras - Théâtre Tempête




Mise en scène Jeanne Champagne
Avec Sébastien Accart, Fabrice Bénard, Agathe Molière, Sylvain Thirolle et Tania Torrens



Du roman autobiographique « Barrage contre le Pacifique » Duras en a tiré cette pièce. Jeanne Champagne connaît bien l’œuvre de Duras, elle a mis en scène « La maison » d’après « La vie matérielle », ainsi que « La musica ».

Sur scène, des tréteaux qui aboutissent à un rideau, au-dessus en lettres scintillantes on lit « Eden Cinéma ». Ce décor est aussi la terrasse d’un café, la demeure de Duras, l’embarcadère, et bien entendu le cinéma, siège de tous les fantasmes et des rêveries.
Le personnage central, la mère, forte personnalité (intense Tania Torrens), elle s’est battue mais s’est fait flouer par les coloniaux, ils lui ont vendu une terre salée, incultivable. Elle a perdu tout son bien.

Les enfants, Suzanne et son frère Joseph insouciants, vénèrent et craignent aussi Mme Mère ! Celle-ci pousse sa fille à entamer une relation et surtout un mariage avec Monsieur Jo. Celui-ci est riche, ce qui  n’est pas négligeable. Il est attiré par Suzanne, elle ne sait pas trop ce qu’elle désire.

Le texte est magnifique, le long monologue de la mère sur les blancs colonisateurs, qu’elle souhaite voir passer dans l’autre monde, sans pitié pour ceux qui l’ont ruinée.
Il y a surtout l’Indochine et le paradis perdu à jamais pour Suzanne et Joseph. Pour l’interprétation, une mention particulière pour Agathe Molière et Tania Torrens. La mise en scène est d’autant plus intéressante que la transposition théâtrale n’est pas évidente pour ce roman.


mercredi 30 janvier 2013

Jack l'éventreur - Desnos - Lucernaire



Compagnie Dodeka
Mise en scène : Vincent Poirier
Avec Armelle Gouget, Sylvain Meillan et Nicolas Rivals

Robert Desnos, écrit une série d’articles en 1928 sur Jack l’Eventreur, à cette occasion il rencontre à Paris, un personnage se disant proche du meurtrier, mais qui ne lui révèlera jamais son identité. Il lui révèle alors une curieuse histoire, la vraie parait-il.
C’est une découverte et une expérience passionnante que ce spectacle. La mise en scène nous plonge dans l’obscurité, parfois le visage de l’artiste est éclairé par une lampe ou par le projecteur, et d’autres sources de lumière,  puis c’est la plongée dans les ténèbres, ce qui convient parfaitement à l’écoute des articles de Desnos et des descriptions horribles des rapports des médecins légistes.
On imagine bien le Londres des années victoriennes,  on assiste à plusieurs tableaux, avec de la danse, des corps qui se mêlent de la volupté à l’horreur, de la musique qui accompagne certaines scènes et nous permet de respirer pour mieux replonger dans l’angoisse. Il faut saluer la performance des artistes.
Et puis si Desnos a rencontré – peut-être – Jack l’Eventreur, il n’échappera pas en 1944 à une autre barbarie.
Depuis, le mystère est toujours entier, sauf pour la romancière Patricia Cornwell qui aurait démasqué l’assassin !

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mercredi 23 janvier 2013

Le partage de midi - Claudel - La Tempête



Mise en scène : Philippe Adrien
Avec : Mila Savic, Ludovic Le Lez, Mathieu Marie, Mickaël Pinelli

Sur le pont du paquebot qui les conduit vers la Chine,  Ysé, jeune femme mal mariée à de Ciz, qui ne sait « lui faire que des enfants » comme le dit Amalric, son amant, s’amuse de Mesa, jeune fonctionnaire qui tombe très vite amoureux d’elle. Mesa désirait être moine, mais le monastère n’a pas voulu de lui. Quant à de Ciz, il ne voit qu’une chose, faire des affaires, quitte à fermer les yeux sur le « flirt » de sa femme et de Mesa qui lui serait bien utile.

Les personnages sont donc bien plantés, leur histoire commune va aboutir au drame sur fond de guerre.

Le deuxième acte se situe à Hong-Kong dans le cimetière où se sont donnés rendez-vous Mesa et Ysé. Ils s’aiment avec passion et n’hésitent pas à comploter contre le mari, après tout celui-ci veut faire fortune, grand bien lui fasse, Mesa s’arrange pour l’aider à partir loin d’eux. 

Le troisième acte nous montre une Ysé non plus conquérante, non plus guerrière, mais dévastée, elle attend le retour d’Amalric, elle a peur, les insurgés peuvent à tout instant entrer dans leur maison. Amalric a tout prévu, il pose de la dynamite autour de la maison et à l’intérieur. Ysé pleure son passé, ses enfants qu’elle n’a plus revus, et son petit garçon né de sa liaison avec Mesa qu’elle a quitté.

Celui-ci réapparait et veut l’emmener ainsi que leur fils loin de la Chine, il a un sauf-conduit qui les protégera, malheureusement Amalric ne l’entend pas ainsi, et lors de leur lutte Mesa sera blessé et laissé pour mort. Ysé réagit vite, elle dit à Amalric de fouiller Mesa et lui voler ce qu’il a dans ses poches et surtout le précieux document ! Ils s’enfuient.

Mesa seul, dans son délire, verra son Ysé le rejoindre et atteindre avec lui la rédemption. On peut aussi imaginer qu’Ysé prise de remords retourne mourir avec lui.

Ysé est le rôle féminin le plus convoité, Edwige Feuillère, Ludmilla Mikael, Marina Hands, et aujourd’hui Mila Savic qui offre chair et passion à ce personnage.

L’atmosphère de chaque acte est très bien rendue par les décors, les lumières.
Une belle réussite.

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mercredi 16 janvier 2013

Protee - Claudel - Th. de la tempête



Mise en scène Philippe Adrien
Avec : Dominique Gras, Eléonore Joncquez, Matthieu Marie, Marie Micla, Jean-Jacques Moreau (en alternance avec Pierre-Alain Chapuis).


Quelle bonne idée d’avoir monté cette comédie de Paul Claudel !

 « J’ai bien ri en allant voir une pièce de Claudel », on va vous regarder d’un drôle d’air… et pourtant je me suis régalée en compagnie de cette petite peste de Brindosier, de la belle Hélène et son nigaud de Ménélas. Protée, clown magistral avec ses palmes qui règne sur son île et sur les animaux marins qu’il nourrit comme au cirque.

Pour échapper à l’emprise de Protée, la nymphe Brindosier profite de la venue de Ménélas ramenant son Hélène (en fait ils ont fait naufrage)  pour fuir l’île avec ses compagnons cornus et poilus… mais Protée a découvert son stratagème et elle devra jouer un double rôle, tromper l’un et l’autre. Elle arrivera également à persuader Hélène que le nec plus ultra est de rester sur Naxos pour être à la dernière mode !

La mise en scène est inventive, les comédiens s’amusent, la scène entre Ménélas et Brindosier se faisant passer pour Hélène est à mourir de rire ! 

Les vidéos en fond de scène illustrent bien la mer et les voyages chers à Claudel.
Courez vite vous ne serez pas déçus !