jeudi 28 mai 2015

Cyrano de Bergerac - Rostand - théâtre 14



Adaptation, mise en scène et costumes Henri Lazarini

Avec Benoit Solès, Emmanuel Dechartre, Clara Huet, Vladimir Perrin, Michel Melki, Ḗmeric Marchand, Lydia Nicaud ou Christine Corteggiano, Anne-Sophie Liban, Michel Baladi, Pierre-Thomas Jourdan, Julien Noïn, Jean-Jacques Cordival, et Geneviève Casile.

photo LOT
1897, Rostand à son bureau, sous le portrait de Sarah Bernhard, à côté de lui un masque, un nez. Il écoute « Au clair de la lune » sur son phonographe et lance les premières phrases de sa nouvelle pièce, le voilà qui se transforme en Cyrano, participe à la pièce, parmi les comédiens vêtus 17ème siècle. Edmond sans artifice, affublé de son nez, « vit » sa comédie et joue avec ses personnages.

photo LOT / B. Solès

Cyrano est une pièce chère à notre cœur, une belle histoire d’amour, de panache, d’humanité. C’est aujourd’hui encore grâce à Henri Lazarini, une redécouverte, une mise en scène inventive, colorée, des costumes superbes (ah la robe de Roxane au siège d’Arras !), des comédiens hors pair et heureux de s’investir dans leurs rôles. Clin d’œil aussi à Méliès et à son « Voyage dans la lune », que d’ingéniosité !

photo LOT / E. Dechartre - Clara Huet
Mais il est important de souligner, le Cyrano/Edmond de Benoît Solès, humain, drôle, touchant, et sa Roxane, Clara Huet, distinguée, belle présence sur scène, donne du panache à son personnage, intelligente et rusée.

Photo LOT
Photo LOT

Le Ragueneau de Michel Melki, brave homme, humain, protecteur de son ami, amoureux et gourmand des rimes et des tartelettes ! Emmanuel Dechartre ne force pas le trait pour de Guiche, sûr de lui et de sa naissance, tout lui étant dû, il redevient humain.

Photo LOT / B.Solès - M. Melki
photo LOT / C. Huet - V. Perrin
Christian, si beau mais subtil puisqu’il découvre l’amour de Cyrano pour Roxane, rôle difficile et que joue avec charme Vladimir Perrin. On pardonnera bien vite l’amputation de la tirade des cadets au siège d’Arras.

photo LOT / C. Huet
Geneviève Casile, a du mal à maîtriser son émotion, lors de son dernier rendez-vous avec « son » Cyrano, une belle idée.

Une magnifique fin de saison, pleine de panache au théâtre 14.

Bonne route Cyrano !

mardi 26 mai 2015

Une famille aimante mérite de faire un vrai repas - Aminthe - théâtre du Lucernaire



Mise en scène Dimitri Klockenbring

Voici Victor, le père, chômeur mais vraie fée du logis, il astique, il traque la poussière, ne supporte pas la moindre auréole, c’est bien tout ce qu’il sait faire !

Sa femme Barbara, reine du Xanax et du Lexomil réunis, pas réfractaire au bon vin et aux alcools forts.
co théâtre de l'homme

Leur fille de 16 ans, Justine, boudeuse, dodue et mini short, se rend bien compte de l’atmosphère de la maison, mais pense surtout à sa retraite, elle en est pourtant bien loin…

co théâtre de l'homme

Quant au fils, Gabriel 14 ans, il est scotché devant ses jeux vidéos, parfois pourtant il regarde les infos, et les printemps arabes le libèrent de sa « prison ».

La fille aînée est partie, comme dit la mère, « elle a une famille aimante maintenant ». Les deux ados se révoltent un moment, mais finissent par rester, et passer du salon à la cuisine, lieu saint du père, et à la chambre de Gabriel, qui commençait à faire son baluchon.

La mère pourtant leur a concocté un bon repas pour ce soir, il est n’est pas « fait maison » mais bon…

« Qui trop embrasse mal étreint », ce dicton peut parfaitement s’appliquer à la pièce, trop de bisous et de bonheur stéréotypés, quelques répliques amusantes, sur cette comédie grinçante, bien jouée.


« Famille je vous hais » !


Où j'ai laissé mon âme - Ferrari - lecture au théâtre du Lucernaire



« Où j’ai laissé mon âme », Grand prix Poncetton SGDL 2010 ; Prix France Télévisions 2010 ; Prix Initiales 2011 ; Prix Larbaud 2011.

Lecture au Lucernaire

Adaptation et interprétation François Duval


Alger 1957. Le lieutenant Andréani retrouve son compagnon d’armes, le capitaine Degorce, ils ont fait la guerre d’Indochine et maintenant l’Algérie.

Pour avoir des informations sur les attentats, la torture devient le seul moyen, mais si l’un le réprouve et perd son âme, l’autre est pleinement conscient de ses actes, au nom de la loyauté, de la patrie. C’est d’ailleurs le reproche qu’Andréani jette à la figure de Degorce.

Ce texte s’écoute comme une tragédie, c’est un long monologue, qui nous prend aux tripes et au cœur, comment juger les actes des uns et des autres ? Les victimes deviennent des bourreaux, la sale guerre transforme des êtres humains en tortionnaires, ils peuvent avoir la nausée mais ils appliquent le règlement. Ils doivent sauver des vies et en sacrifier d’autres.

Le texte limpide, intense de Jérôme Ferrari, est adapté pour le théâtre par François Duval, comédien rare et d’une grande intensité, il vit et souffre le récit d’Andréani quand il raconte la noce prise au piège, les putains massacrées au bordel, le meurtre du jeune instituteur, certes un texte difficile et prenant, mais une belle écriture et un style.

Cette pièce sera je l’espère un grand moment de théâtre quand elle aura trouvé sa scène parisienne.


Ne pas manquer François Duval à Avignon pour « Vilar notes de service » au théâtre du Roi René !

Challenge théâtre 2015

jeudi 14 mai 2015

Impressions d'un songe - Calderon de la Barca - théâtre du Soleil




Impressions d’un songe
D’après « la vie est un rêve » de Calderon de la Barca

Rosaura habillée en homme et accompagnée de son fidèle valet Clairon, veut retrouver le duc Astolphe qui a rompu sa promesse de mariage. En approchant du château, elle trouvera un malheureux prisonnier Sigismond, fils du roi Basile.



Le roi Basile confie à Astolphe et Etoile, un lourd secret. Il craint que son fils ne devienne un tyran en montant sur le trône, il l’a donc fait enfermer.


Rosaura reprend ses habits de femme et entre au service de la charmante Etoile. Sigismond quant à lui se réveille vêtu comme un prince, hélas il aura vite l’allure et les manières d’un rustre, manquant de respect à son père, n’hésitant pas à prendre de force Rosaura, qui ne devra son salut qu’à Clothalde.


Le fils pardonnera-t-il au père, le peuple voudra-t-il de ce fils comme souverain, quelle est la part du rêve, de la vraie vie. La pièce parle de l’amour contrarié, de l’honneur, de la vengeance, de la trahison, du pouvoir, c’est une grande épopée, un chemin initiatique. On se bat, on croise le fer, on s’aime, on se hait. Il y a de l’humour aussi avec ce pauvre Clairon à qui il arrive bien des soucis…


Le plateau est nu, pas d’accessoires, un rideau au fond mais, quelle originalité dans les costumes, et surtout du dynamisme à revendre !

mardi 12 mai 2015

Le silence de Molière - Macchia - théâtre de l'Ouest Parisien


et pétition pour le maintien du théâtre de l'Ouest Parisien voir ici



Ariane Ascaride et Loïc Mobihan (ainsi que le précieux concours de Michel Bouquet en narrateur)

Mise en scène Marc Paquien

Quel lourd héritage quand on est l’enfant d’un personnage illustre ! Giovanni Macchia (1912-2001) s’est intéressé au destin peu connu de la fille de Molière et d’Armande Béjart.

Madeleine Poquelin née en 1665 (l’année de Don Juan) avait 8 ans lors de la mort de son père, dès lors elle préfèrera être éduquée au couvent, où elle se trouvait plus libre, que dans le milieu artistique familial. Après la mort de Molière, Armande se consola et se remaria assez vite, la petite fille aura donc un demi-frère. Spirituelle, elle répond un jour à Chapelle qui lui demande son âge, « 15 ans et demi mais n’en dites rien à maman ! », difficile d’avoir Armande Béjart comme mère…

Elle n’entendit plus parler non plus de Baron, qu’elle méprisait, il lui volait les rares moments de tendresse de son père, qui le considérait comme un fils, on a dit – rumeurs toujours … - qu’il était plus que ça.

Madeleine a souhaité l’ombre à la lumière, les rumeurs qui lui sont parvenues sur le mariage de ses parents l’ont brisée. Elle n’aura jamais la réponse à la question qui la torture depuis des années, savoir si oui ou non elle est l’enfant de l’inceste. Les rumeurs ne détruisent pas seulement les adultes mais aussi les enfants.

Madeleine a accepté de recevoir un jeune provincial, admirateur de son père, celui-ci ne s’attend pas à tant de rigueur, et voudrait tant savoir sur son idole, d’ailleurs pourquoi Madeleine n’a-t-elle pas voulu continuer dans la lignée familiale, être comédienne ? Elle avait honte d’entendre les rires du public, lorsque son père bégayait ou encore le comédien qui boitait et se faisait maltraiter par Molière sur scène, comme elle était mal à l’aise. Elle raconte au jeune homme que son père lui aurait écrit le rôle de la petite Louison fille du « malade imaginaire », elle a refusé de jouer, incapable d’apprendre le texte, elle a ainsi perdu l’occasion de partager un moment avec son père.

Elle épousera un ancien soupirant plus âgé qu’elle, Claude de Rachel de Montalant, veuf et dèjà père, mais elle n’aura pas d’enfant, ainsi s’éteindra en 1723 la descendance de Molière.

Ariane Ascaride incarne avec force et émotion, cette femme digne et tourmentée.

jeudi 7 mai 2015

George Kaplan - Sonntag - Théâtre La Tempête


Site du théâtre

Georges Kaplan
texte et mise en scène Frédéric Sonntag


avec Alexandre Cardin, Florent Guyot, Lisa Sans, Jérémie Sonntag, Fleur Sulmont


Acte 1 : Devant une caméra le fantôme nous lit son message, à ses côtés Obama, une poule, un sac de papier Kraft, et Scream, leur revendication tourne à la farce, Obama n’arrive pas à lire correctement le papier, normal son « masque » n’a pas les yeux en face des trous. Enfin dévoilés et démasqués, cinq jeunes gens qui se disputent non plus sur le Monde, mais sur le goût du café, de la bière et des chips !

Tout ce petit monde se dispute, qui fait quoi ? qui écrit ou pense ?, ils s’appellent tous George, comme George Kaplan, le personnage énigmatique de « La Mort aux trousses » d’Hitchcock.

Le « complot campagnard » tournera vite en eau de boudin…

co bertrand Faure

Acte 2 : Séance de brainstorming dans un bureau huppé, scénaristes prétentieux, aux idées fumeuses et mille fois rabâchées, avec toujours le même canevas de scénario, mais les « brodeurs » doivent discuter, jeter des idées sur le grand tableau blanc, il y a aussi le dialoguiste dépressif, dont on ne se méfie pas assez. Ils lancent le sujet George Kaplan et forme des histoires farfelues mais qui devraient plaire au plus grand nombre.

co Bertrand Faure

Acte 3 : Sur l’écran, une pièce sordide, on voit un homme torturé, devant lui, impassibles deux personnages, (agents secrets ?), puis peu à peu, d’autres personnes arrivent et parlent du « complot » Kaplan, toujours le même schéma qui tourne parfois au ridicule avec une gentille poulette qui ne disparait pas de l’écran !

co Bertrand Faure

Qui est George Kaplan ? Le nom apparait partout, est-ce un groupe de terroristes, une manipulation politique, ou médiatique ?


Le texte, les comédiens et la mise en scène ne manquent pas d’humour et nous remettent en question. Sommes-nous manipulés, par qui, pour quelle raison, doit-on tout « gober » ou tout rejeter ? Vaste programme…