jeudi 26 avril 2018

Rien à dire - Léandre le clown catalan - 13ème art théâtre




du 24 avril au 29 avril et du 15 au 20 mai.
mardi au samedi 20h - samedi 16h et dimanche 15h
durée 1h10
site du théâtre ICI


Rien à dire

Léandre le clown


Mise en scène : Léandre Ribera – Scénographie : Xesca Salvà
Musiciens : Maria Perera, Francesc Puges, Pep Moliner, Jordi Gaspar, Frederic Miralda, Sergi Sirvent, David Dominguez


Un appartement un peu fouillis, des chaussettes jaunes jonchent le sol, une grande armoire, une commode, une drôle de chaise et une drôle de table, enfin Léandre, tout de jaune vêtu arrive chez lui, il a des soucis avec les lumières qui fonctionnent quand elles veulent. Il en arrive même à demander l’aide du public ! Sa maison est réactive elle aussi, et que dire de l’armoire bien remplie…

Il fera souvent appel à nous d’ailleurs, mais c’est bon enfant et drôle.


Souvenirs d’enfance avec les bulles de savon, que nous faisons éclater, lancement de chaussettes jaunes (propres !) dans le public, nous réagissons en bombardant Léandre, celui-ci a bien du mal avec son mobilier, il prendra même son thé de travers comme sa table et sa chaise. Il prend son petit déjeuner, mais décidément ça ne va pas non plus. Il s’initie au golf, se fait livrer un colis, enfin il trouve des « victimes » bien consentantes et amusées pour l’aider.

Rien à dire, en effet, tout est dans le geste, la poésie, l’improvisation, la magie, l’adresse des mouvements, je me demande encore comment la balle de golf s’est retrouvée dans le gobelet !


Léandre un clown tout en douceur et humour à voir pour rêver.
Anne Delaleu
26 avril 2018

mardi 24 avril 2018

Providence - N. LaBute - théâtre Les Déchargeurs


du mardi au samedi 21h30
jusqu'au 12 mai
durée 1h25
site du théâtre ICI

Providence

Neil LaBute


Adaptation et mise en scène Pierre Laville
:
Avec Xavier Gallais  et Marie-Christine Letort


Providence… sens premier du terme, c’est la volonté divine, et au second plan, le destin, le hasard.

Le 11 septembre 2001 c’est l’apocalypse à New York, mais pour Ben et Abby, c’est la Providence, le moment où jamais.

Dans l’appartement d’Abby, Ben est affalé sur le divan, on entend une sonnerie de portable, il ne répond pas, et pour cause. C’est le lendemain de l’attaque terroriste, il se trouve chez Abby sa maîtresse, normalement il aurait dû être dans une des tours. Que faire ? Rassurer sa femme et ses filles ? Il a un autre projet en tête.

La poussière envahit la pièce, Abby rentre chargée de provisions. Elle raconte à Ben ce qui se passe dehors, le chaos, les magasins dévalisés. La peur et le désarroi sont partout.

La relation avec Ben n’est pas facile, il peut se montrer violent, et aussi drôle et mal à l’aise. Il propose à Abby de profiter de la situation providentielle qu’ils vivent pour recommencer ailleurs une nouvelle vie. Laisser croire qu’il fait partie des disparus, le prix à payer, c’est qu’il renonce à voir grandir ses filles. Quant à Abby, elle est sa supérieure hiérarchique, elle a bataillé pour avoir un poste important, laissera-t-elle tout tomber par amour ?

Un duo de comédiens exceptionnels, des dialogues souvent crus, et comme toujours avec LaBute un final auquel on ne s’attend pas.


J’aime l’écriture et l’univers de cet auteur, j’avais beaucoup aimé « La forme des choses » (The shape of things) donnée à Paris en 2008 et Bash en 2014 (adaptation de Pierre Laville).

Anne Delaleu
24 avril 2018

Still Life today - E. Mann - théâtre Les Déchargeurs


du mardi au samedi 19h 30
jusqu'au 19 mai
durée 1h25
site du théâtre ICI

Still life

Emily Mann


Adaptation et mise en scène Pierre Laville
Avec Manon Clavel  Antoine Courtray  Ambre Pietri


Mark est revenu de la guerre, il y a perdu ses amis, ses illusions, son humanité. Il est devenu violent, la guerre, les morts, les tortures, tout ça il l’a subi sinon dans sa chair mais dans son mental, les photos qu’il montre sont insoutenables. A son retour chez lui, ses parents ne l’ont pas accueilli comme il aurait voulu.

Sa femme Chéryl, enceinte de leur second enfant, a les pieds sur terre, accepte la situation, sans comprendre son mari. Son objectif c’est de donner un foyer à ses enfants et une bonne éducation.

Nadine, sa maîtresse, que l’on pourrait penser fofolle et sans histoires, cache une violence elle aussi, elle est divorcée, mère de famille, et comprend Mark, même si elle rejette le fait qu’il frappe sa femme. Cela ne l’empêche pas d’être féministe et pacifiste.

Trois monologues, trois parcours de vie, le texte est dur, les photos aussi. La direction d’acteurs impeccable, beaucoup d’émotions. Chaque comédien parle au public, se défend, intervient parfois dans le récit de l’autre.

Une œuvre intéressante et bouleversante à découvrir.

Anne Delaleu
24 avril 2018

vendredi 20 avril 2018

Suzanne la vie étrange de Paul Grappe - Le Lucernaire

jusqu'au 2 juin
durée 1h15
du mardi au samedi 21h
Site du Théâtre ICI 

Suzanne, la vie étrange de Paul Grappe

Création collective librement inspirée de « La garçonne et l’assassin » de Fabrice Virgili et Danièle Voldman (Payot)

Texte et mise en scène Julie Dessaivre

Avec Éloïse Bloch (Lucie) Édouard Demanche (Paul/Suzanne) Constance Gueugnier (Mme Massin) Zacharie Harmi (Les hommes de loi et Paco) Léa Rivière (Louise) et en alternance Anaïs Casteran (Louise) Matthieu Fayette (Paul/Suzanne) Julie Dessaivre (Madame Massin)


C’est une histoire vraie qui a défrayé la chronique des années folles. 1928, Louise Grappe humiliée et frappée bien trop souvent par son mari, prend une arme et le tue.

Mais il faut remonter un peu plus loin dans l’histoire, en 1912 Louise et Paul se marient, ils sont heureux jusqu’au jour où Paul est mobilisé, nous sommes en 1914.  Paul n’en peut plus, il déserte et rejoint sa femme à Paris. Elle et son amie Lucie, journaliste, ont l’idée de travestir Paul en femme. La police recherche un déserteur, un homme, mais pas une femme !

Et voilà que Paul devient Suzanne, Lucie lui enseigne la féminité, la façon de marcher, de se mouvoir, de répondre, tout un art ! Mais ce changement va bouleverser Paul, il est « transformé », sa vie privée devient débridée, prostitution, échangisme, virées au bois de Boulogne, « Suzy » devient la coqueluche des soirées parisiennes. Mais il continue à boire, beaucoup trop, et frappe Louise.

En 1925, loi d’amnistie, Paul se présente sans état d’âme au Commissariat pour récupérer ses papiers, son identité… trois ans plus tard, Paul sera tué par Louise qui voulait protéger aussi son enfant.

Cette histoire douloureuse, est habilement mise en scène, deux personnages nous racontent l’histoire telle qu’elles l’ont vue et vécue, tel un chœur antique, il y a Lucie, la bonne amie journaliste et la concierge Mme Massin. Chacune sa version des faits.

Des chansons de l’époque éclairent les situations, les changements de décors, de scène. Oui Mistinguett chantait « Mon homme » dont les paroles sont très explicites, oui, il y a des femmes qui aimaient et pardonnaient les coups, jusqu’au jour où…

Une drôle d’histoire qui dénonce la violence sous toutes ses formes, violence de la guerre, violence domestique. Les comédiens sont tous très investis et excellents dans leurs personnages.


Anne Delaleu
20 avril 2018

mercredi 18 avril 2018

L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine - R. Ogien - théâtre de la Reine Blanche



jusqu'au 22 avril
site du théâtre ICI 

Avignon 2018
14h15 théâtre Baretta 

L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine

De Ruwen Ogien



Mise en scène : Hervé Dubourjal, Éric Bu

Avec : Jean-Louis Cassarino, Hervé Dubourjal


Comme le disait la grande Jeanne Moreau, invitée de Pivot, «les philosophes m’em… », Je pense qu’avec ce spectacle elle aurait bien ri et changé d’avis !

En effet, nous assistons et nous intervenons à un cours de philo pas comme les autres, nos petites cellules grises sont en ébullition, il y a comme dans toutes les classes, les timides, les bavards qu’il faut canaliser, mais il y a de l’idée en l’air ! En plus on nous a donné un beau crayon et un papier qui servira plus tard…

Une question simple, un canot de sauvetage risque de couler, il faut sacrifier un passager, quelle serait votre réponse ? sachant qu’il y a un toutou dans le canot… et puis cas de conscience aussi, vous conduisez à toute allure, transportant cinq passagers gravement blessés et sur la route vous arrêteriez-vous pour porter secours à un piéton perdant son sang ?

Les paradis « artificiels » les machines à rêver, mais pas pour longtemps, là aussi il faut faire un choix. Mais le principal c’est la réflexion, le droit de choisir sa vie, on peut vite basculer dans le monstre ou le héros. Et encore doit-on juger ? et l’odeur des croissants là-dedans me direz-vous ? et bien il a été scientifiquement prouvé qu’une bonne odeur de croissant, ou de poulet nous rend plus heureux, plus empathique !

Grand débat animé de façon ludique et drôlissime par nos deux compères, aidés par les vidéos, les dessins, les croquis animés et qui nous régalent d’intermèdes chorégraphiques de leur cru, pas mal non plus !

Donc même si la philo ne vous parle pas trop, n’hésitez pas à suivre Jean-Louis et Hervé.


Anne Delaleu
18 avril 2018






dimanche 15 avril 2018

Choisir de vivre - M. Daudet - Studio Hébertot

Studio Hébertot jusqu'au 15 avril


Choisir de vivre

D’après le roman de Mathilde Daudet


Adaptation et mise en scène Franck Berthier
photos Mathilde Daudet


Daudet, joli nom empreint de souvenirs d’enfance, lavande, moulin, élixir, petite chèvre…

La famille Daudet, comme dans toutes les familles, aura son lot de drames, énigmes, non-dits, mariage et divorce.

Thierry est né en 1950, le poids du nom est lourd à porter, mais aussi son « enveloppe », il se sent femme, aime se travestir. Plus tard deux mariages, quatre enfants, et surtout grand reporter, il suit les grands conflits, vit les horreurs des guerres, avec courage, et se retrouve affublé du surnom de « Rambo » ! Le courage n’a pas de sexe… et la petite robe suit dans les bagages de Thierry.
En 2010, et c’est ainsi que débute la pièce, hôpital de Bangkok, dans quelques heures, il accepte le destin, mourir en salle d’opération ou devenir ce qu’il est depuis la naissance, une femme. Cette Mathilde qui est en lui, avec qui il dialogue depuis des années. Enfin, il a eu le feu vert de son psy et part à Bangkok avec les encouragements et le soutien de sa dernière compagne.

Mathilde est née et Thierry disparu. Pas facile de faire accepter son choix de vie, par son entourage d’abord, elle réalise soudain que ses enfants ne vont pas l’accepter, la haïr peut-être. Il n’en sera rien, l’amour sera le plus fort.


Nathalie Mann, interprète brillamment ce rôle, sans caricatures, elle souffre, elle hurle, et parfois, mutine s’amuse des réflexions des hommes lorsqu’elle est vêtue en femme. Drôle aussi, lorsque Thierry décide de s’acheter une petite robe Courrèges, conseils de la vendeuse qui ne se doute de rien ! Et les circuits administratifs pas simples non plus.

Une belle histoire, mis en scène avec délicatesse, sans pathos, et une Nathalie Mann au sommet.

Anne Delaleu
15 avril 2018

jeudi 12 avril 2018

Les bords du monde - Epée de Bois


jeudi au samedi 20h30
samedi et dimanche 16h
jusqu'au 22 avril
Site du théâtre ICI

Les bords du monde

Brésil - Syrie - Haïti - Togo - Maroc - France


Dramaturgie et Mise en scène Laurent Poncelet

Avec Gabriela Cantalupo, Tamires Da Silva, Abdelhaq El Mous, Zakariae Heddouchi,
Marcio Luiz, Ahmad Malas, Mohamad Malas, Kokou Mawuenyegan Dzossou,
Lindia Pierre Louis, Lucas Pixote, Germano Santana, Clécio Santos, Sodjiné Sodetodji


Ils sont jeunes, dynamiques, énergiques, leurs corps se balancent, se jettent dans le vide, ils s’échappent, de quoi, de qui ? d’une vie de misère, d’un conflit armé, pas faciles de vivre sa jeunesse dans ses conditions.

Liberté de paroles, de pouvoir se balader sans craindre les réflexions sexistes. Alors ils dansent, ils parlent aussi dans leur langue, en essayant – pas trop – de convaincre l’autre. Pas besoin de grandes phrases pour rire et s’amuser. Mais toujours sur la défensive.

Beauté des mouvements, des corps, des expressions, au son des percussions, des chants.

Une jeunesse en révolte qui parle au cœur d’autres jeunes.


Anne Delaleu
12 avril 2018

mardi 10 avril 2018

Le Cid - P. Corneille - théâtre des Quartiers d'Ivry



mardi, mercredi, vendredi 20h - jeudi 19h
samedi 18h, dimanche 16h
durée 2h15
Site du théâtre ICI

Le Cid

Pierre Corneille

Mise en scène Yves Beaunesne

Eric Challier, Thomas Condemine, Jean-Claude Drouot, Eva Hernandez, Antoine Laudet, Fabienne Lucchetti, Maximin Marchand, Julien Roy, Marine Sylf, Zoé Schellenberg

Chimène et Rodrigue s’aiment et leur union est bénie par leurs pères. Hélas le Comte de Gormas, père de Chimène, convoitait la place de précepteur du prince, Don Diègue père du jeune homme, est préféré par le roi. Don Diègue rappelle au Comte que leurs enfants vont s’unir, que l’amour surpassera le dépit, mais rien n’y fait, la jalousie est trop forte.

Gifle, vieillesse ennemie, Rodrigue vengera l’honneur bafoué de la famille dans le sang du père de son aimée.

L’infante de Castille, semble bien exaltée, n’agit pas comme le devrait une femme de son rang, elle est amoureuse de Rodrigue et sait bien que cet amour ne sera pas béni. Elle est agitée, se pare de voiles, danse, chante (Superbe Marine Sylf elle chante divinement !).

J’ai aimé l’idée de voir un Rodrigue, non pas conquérant, mais dévasté par son duel, et revenant de guerre, meurtri et couvert de sang. Thomas Condemine, n’est pas un héros, mais un jeune homme qui ne craint pas d’ailleurs d’affronter son roi, infirme, Julien Roy fait une étonnante composition !

La mise en scène, la création musicale, le décor et les somptueux costumes, nous entraînent dans un livre d’images, les comédiens donnent vie et chair au texte, Jean-Claude Drouot est un Don Diègue meurtri mais revanchard, regrettant aussi d’avoir poussé son fils à la vengeance. Le thème est toujours d’une cruelle actualité, l’honneur, donner sa vie pour la patrie, pour une personne.

Eric Challier est un Don Gomès, plein de suffisance et de morgue, Zoé Schellenberg est Chimène, toute en contradiction, Antoine Laudet apporte la fraîcheur de son jeu, Maximin Marchand est un merveilleux contre-ténor, Eva Hernandez et Fabienne Lucchetti ne sont pas en reste et défendent avec brio leurs maîtresses.

C’est un long poème auquel nous convie Yves Beaunesne, avec chants qui ponctuent le récit et les changements de scène.


A voir et admirer à Ivry et en tournée !

Anne Delaleu
10 avril 2018