samedi 27 octobre 2012

L'école des femmes - Molière - Comédie Française



 La maison est isolée, on y accède par barque. C’est la maison-geôle d’Arnolphe, là où il cache précieusement, son bien, sa chose, la jeune Agnès, qu’il épousera, étant sûr qu’elle ne lui fera pas porter de cornes, grâce à l’état d’idiotie et l’éducation qu’il lui donne.
Cette nouvelle mise en scène souligne bien le côté négatif, peu intelligent des personnages, on parle trop souvent d’Agnès, comme la sotte de service, alors que les autres ne valent guère mieux !

Arnolphe, trop sûr de lui, un égo surdimensionné qui le pousse à se donner un nom fleurant la noblesse.

Le couple Alain et Georgette, pas très futé mais l’appât du gain leur donne une certaine « intelligence »…

Horace (Jérémy Lopez) manipulé et bête en fait, amoureux mais aucune jugeote, un éternel gamin soumis à son père.

Agnès se révèlera par l’amour, mais elle ne peut guère faire de comparaison avec d’autres jeunes gens, et c’est surtout la jeunesse d’Horace qui l’attire.

Arnolphe, pense que son « éducation » et sa rigueur, lui offriront une jeune femme soumise à ses désirs. En fait, il connait bien la vie, et pour éviter d’être la risée des autres, il a « acheté » une petite fille de 4 ans, sans se préoccuper d’où elle venait et si elle avait une famille.

La mise en scène de Jacques Lassale est riche, intelligente, les comédiens sont excellents et apportent leur touche personnelle : Thierry Hancisse intense et inquiétant au bord de la folie, la farce avec Pierre-Louis Calixte et Céline Samie, Adeline d’Hermy touchante Agnès et vraie victime. Le dénouement d’ailleurs laisse peu d’espoir.

Un beau moment de théâtre.

La machine à explorer le temps - Wells - Théâtre de l'Alhambra






Avec Sydney Bernard & Thierry Le Gad. Musiques originales de Chapelier Fou.



Sur scène, un large tableau chargé de formules arithmétiques, de chaque côté le bureau de l’associé et de l’autre le bureau de l’explorateur du Temps. 

Parti à bord de sa machine, l’explorateur avide de voir l’évolution de notre planète, la découvre en l'an 802 701, mais plus de Londres, plus d’usine d’horlogerie, il pense voir enfin, un monde plus juste, bucolique, peuplée par les Elois, qui ne mangent que des fruits et sont un peu simplets, mais il fera aussi connaissance aussi avec les Morlock leurs ennemis jurés…

Nous entrons dans un jeu de rôles à l’aide d’un décor vivant, se gonflant au gré de l’histoire et un peu effrayant où se projettent des vidéos et des lumières, qui habillent la toile tel un kaléidoscope. La musique est là pour relancer les différentes scènes racontées et vécues si intensément que notre imagination peut voir la belle Weena et les affreux Morlock poursuivant leurs proies !



H.G. Wells autodidacte, avait une imagination foisonnante. Il a créé un genre littéraire : la science-fiction qui eut un énorme succès en Angleterre. Toute son œuvre est empreinte de son expérience personnelle et de son apprentissage quand il était enfant. Ses débuts dans la vie active ont été très durs et ont imprégné ses écrits. Ses œuvres ont souvent fait l’objet d’adaptation au cinéma ou à la télévision. 

Au théâtre, l’Imaginaire théâtre et Jean-Claude Auclair ont fait le pari de monter « la machine » pour la première fois au théâtre, et c’est une réussite. Une belle histoire à voir de 7 à 77 ans (et plus !).

jeudi 18 octobre 2012

Tu m'as sauvé la vie - Guitry - studio Raspail et tournées



Avec Jean-Laurent Cochet, Jean-Pierre Castaldi, Julien Bonnet, Pierre Chaillet, Catherine Griffoni, Anne-Marie Mailfer, Laurent Maillard, Brigitte Perrier, Sam Richez, Rebecca Saada, Denis Souppe

Pour une bonne cause, l’UCTM Edwige Feuillère et la société Littéraire de la Poste et de France Télécom ont présenté, ce succès de la saison passée avec  Jean-Laurent Cochet et sa compagnie, pour une soirée au bénéfice des artistes en difficulté. 

A la différence d’autres comédies, pas un des personnages n’est vraiment sympathique, ils sont cupides, calculateurs, menteurs, pas un pour relever le niveau ! Les mots du Maître fusent de toutes parts, la mise en scène est pertinente. Ce fut une belle soirée, des comédiens au sommet de leur art, s’amusant et jonglant avec les mots de Guitry.

L’histoire, un baron misanthrope, se prend d’amitié pour le clochard qui lui a sauvé la vie, et qu’il avait fait mettre à la porte de chez lui, quelques heures avant. Mais voilà, celui-ci prend trop de place dans la maisonnée et que ce soit les domestiques, la comtesse et même la belle infirmière, tous souhaite le départ de cet homme, qui n’est pas non plus d’une grande honnêteté … On pourrait trouver une analogie avec la pièce de Labiche « le misanthrope et l’auvergnat » !

Cette pièce part en tournée, vous trouverez les dates sur le site de  Jean-Laurent Cochet

mercredi 10 octobre 2012

Vis ma vie - Darley - Vingtième théâtre






de Emmanuel DARLEY
Mise en scène Yves Chenevoy
Avec : Bruno Allain, Claudie Arif, Brice Beaugier, Malika Birouk, Yves Chenevoy

« Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer. »
(Paul Fort)

Monsieur et Madame, deux zurbains, coiffés d’un bonnet avec antenne, manteau équipé d’un clavier pour aller plus vite, toujours plus vite ! Madame rêve, non pas d’une plage aux Seychelles, oh non ! Elle a des goûts plus … terre à terre, elle veut vivre la vie d’un ruraux ! C’est pas comme ici, boulot, métro, dodo.

Les ruraux rêvent de la ville, surtout la fille, elle voit de si belles choses à la télé, on a tout en ville. Il y a la Poste, des boites aux lettres partout, c’est pas comme ici, apéro, Bingo, dodo.

Les rats des villes contre les rats des champs, toujours la même histoire…
Les zurbains finissent par trouver un voyage sur « mesure », mais à « risques », tant pis, ils foncent avec délice dans l’aventure. Ils ne vont pas être déçus.

De grands cubes colorés composent les décors, soit la ville, soit la « brousse », ils servent aussi pour la voiture, le TGV, et les comédiens jouent ainsi comme de grands enfants avec des lego, dans cette fable grinçante sur un avenir pas si lointain de nous, avec nos campagnes désertées et nos villes de plus en plus robotisées. 

Et oui, l’herbe est définitivement plus verte ailleurs !