mardi 4 novembre 2008

Fantasio - Comédie Française

Eh bien, me voilà revenue de ce Fantasio...
Que dire de plus, c'est vraiment du Podalydès...
Pourquoi une femme dans le rôle titre ? Cécile Brune est une fine comédienne que j'aime bien, et ma foi elle ne s'en sort pas trop mal.

Par contre, ça court dans tous les sens, ils gesticulent ou font des mimiques pour faire rire, mais qui n'ont rien à voir avec le romantisme de Musset et fait plutôt dans le racolage.

Ils ne savent plus parler, le "prologue" est hurlé. Des longueurs de mise en scène, Fantasio pisse dru et quel jet ! ça apporte quoi d'ailleurs ! Des effets de mise en scène qui n'en finissent plus, Fantasio boit dans un verre qui apparemment n'a pas de fond, tant elle met du temps à boire sans s'arrêter.

Bien sûr, les gagnants sont Guillaume Galliène et Adrien Gamba-Gontard, le ridicule prince de Mantoue et son chef de camp, ils sont trés drôles et amènent un peu de dynamisme dans cette mise en scène.

C'est tellement outré qu'on n'entend même plus le texte et je me demande ce qui a poussé Podalydès à ressortir cette oeuvre si peu intéressante.

A un moment, on entend un bel air d'opéra, je n'ai pas reconnu, ni l'oeuvre ni la soprano, et ce n'est pas mentionné dans le programme.

Ils aiment les "manèges" au Français, c'est le même tourniquet que pour "Figaro divorce" !

Applaudissements de politesse... ça dure 1h45 sans entracte.
dernière le 30 novembre

jeudi 25 septembre 2008

La journée des dupes - théâtre 14

de Jacques Rampal,
Mise en scène d'Yves Pignot,
jusqu'au 25 octobre

    Emmanuel Dechartre, Richelieu
    Benoît Solès, Louis XIII,
    Julie Ravicz, Marie de Médicis
    Cécile Paoli, Anne d’Autriche
    Florian Cadiou, Gaston d’Orléans
    Didier Niverd, Michel de Marillac
    Daniel-Jean Colloredo, le père Joseph
    Rachel Pignot et Stéphane Valin. Elvire et Perrin


La « journée des dupes » ainsi nommée ainsi par Guillaume Bautru, à cause du retournement de situation qui s’est déroulé dans la nuit du 10 au 11 novembre 1630, et qui a été décisive pour Richelieu.

En ce début de novembre 1630, une jeune paysanne chante a capella, elle nous invite ainsi à entrer dans le premier acte.
Entrent en scène tels des pions sur un échiquier, Marie de Médicis, Louis XIII, son épouse Anne d’Autriche, et Gaston d’Orléans dont la première scène avec sa belle-sœur laisse supposer de tendres sentiments.

La reine Marie, veuve d’Henri IV, fulmine contre Richelieu « il affaiblit la maison des Habsbourg » elle exige son départ afin d’y placer son protégé, Michel de Marillac. Louis XIII malade, essaie de tempérer et surtout de se protéger ! Survient Richelieu qui entre par une porte dérobée et un verrou mal fermé, dans la chambre de la reine au palais du Luxembourg où a lieu la conspiration…

Ecrire en vers n’est pas chose aisée de nos jours… Jacques Rampal relève le gant et l’emporte !
Les répliques sont fines et il nous régale d’un beau texte qui permet une crédibilité à cette pièce, on évite ainsi les dialogues modernes faussement "classique" dont on est abreuvé dans les pièces historiques !

La mise en scène d’Yves Pignot, permet de se concentrer sur cette tragi-comédie, ce n’est pas une pièce de « cape et d’épée » et si le début manque un peu de rythme, la suite des événements se laisse suivre avec intérêt et suspense.

Les costumes sont magnifiques. Au fond une toile peinte représentant aussi bien les jardins du Luxembourg, que Versailles.

Emmanuel Dechartre, est un Richelieu maniant finesse et humour, qui sous prétexte de repentance parvient à maîtriser la sulfureuse Médicis !
Benoît Solès, campe un Louis XIII, intelligent, qui démontre qu’il sera un grand roi, mal connu, se plaçant entre son père le « bon roi Henri » et son fils le Roi-Soleil.
Julie Ravicz, Marie de Médicis, vipérine à souhait ! Quel tempérament !
Cécile Paoli, gracieuse reine, mais habile, elle se protège et renverra son amoureux beau-frère sans vergogne, quand elle comprend que Richelieu est vainqueur. Elle sait que le roi ne peut pas se passer d’elle. Le fossé se creuse entre les deux époux, ils s’asseyent l’un et l’autre de chaque côté de la scène, tout en envisageant de donner un héritier à la France !
Florian Cadiou, on aimerait qu’il projette un peu mieux sa voix, c’est dommage, il a belle allure ce Gaston d’Orléans.
Didier Niverd est Michel de Marillac, pensant défendre une juste cause, il est manipulé pour son malheur par Marie de Médicis et les courtisans.
Daniel-Jean Colloredo, le Père Joseph, l’éminence grise de Richelieu, le seul à parler pour le peuple qui meure de faim.
Stéphane Valin est Perrin, l’homme du peuple qui aime parler chasse avec le roi, les intermèdes chantés par Rachel Pignot sont bienvenus pour accompagner le spectacle.
L’échiquier se reforme à la fin, échec à la reine.


Jacques Rampal : né en 1944 à Constantine (Algérie)
Auteur notamment de Célimène et le cardinal (1990) son plus grand succès de théâtre, traduit en plusieurs langues et toujours repris tant en France qu’à l’Etranger.
Autres pièces : La fille à la trompette (1992) – Profession de fou (1997) – Alma Mahler (1993) et Bussy d’Amboise (1994)

En 1993, Il écrit un livret d’opéra en vers « Esméralda », musique de Jean-François Gassot

mardi 3 juin 2008

Les belles soeurs- Théâtre St Georges

LES BELLES-SOEURS
Comédie de Eric Assous
Mes Jean-Luc Moreau
www.theatre-saint-georges.com

François-Eric Gendron : Ivan – Sabine Haudepin : Mathilde
Manuel Gélin : David – Elisa Servier : Christelle
Roland Marchisio : Francky – Véronique Boulanger : Nicole
Mathilde Penin : Talia


Frankie invite ses frères et ses belles-sœurs dans la nouvelle maison de campagne qu’il a achetée avec sa femme.

Ivan et Mathilde, lui avocat, elle prof de lettres. Elle, déteste la campagne et n’a pas beaucoup d’affinités avec ses belles-sœurs. David et Christelle, lui dentiste et elle agent immobilier haute gamme, s’habillant haute-couture dans n’importe quelle circonstance ! Les trois frères auront la mauvaise surprise de voir débarquer Talia, secrétaire de Frankie, jolie brin de fille qui a été la maîtresse de deux d’entre eux. Cette charmante créature a été invitée à la pendaison de crémaillère par Nicole, trop naïve touchée par la détresse de la jeune femme. C’est la louve dans la bergerie !

Bien entendu, tout ceci débouche sur une galerie de portraits peu flatteurs autant pour les hommes que pour les femmes. Les « desesperate housewife » françaises vont faire feu de tout bois et rivaliser de méchanceté (tableau d’honneur pour Sabine Haudepin !). Les répliques fusent avec brio !

Règlement de comptes au vitriol assuré, c’est drôle, enlevé. Parfaitement bien interprété - même si la diction et la projection de voix laissent à désirer -.

On rit beaucoup des lâchetés de ses trois frères qui se débarrassent si vite de déclarations embarrassantes les uns sur les autres. On s’amuse aussi des propos de cette vipère « bas-bleu » qui méprise tout ce qui n’est pas de son monde littéraire, du vernis qui craque chez l’agent immobilier mère d’un enfant surdoué bien entendu, et de la gentille femme au foyer, qui se révèle moins cruche que prévue !

jeudi 20 mars 2008

La reine morte - théâtre 14

Créée en 1942 à la Comédie-Française, Madeleine Renaud tenait le rôle d’Inès, Julien Bertheau celui de Pedro.


Henry de MONTHERLANT (1895-1972) - Élu en 1960 à l’Académie Française
Parmi ses pièces les plus célèbres : La Reine morte, Fils de personne, Malatesta, Le Maître de Santiago, Port-Royal, Don Juan, Le Cardinal d’Espagne.

La véritable histoire de Inès et Pedro :

Pedro prince héritier du Portugal, marié par raison d’état à Constance de Castille, tomba amoureux d’une des suivantes de son épouse Inès de Castro. La reine mourut en mettant au monde son 3ème enfant. Ce qui laissa le champ libre aux amants qui se marièrent et eurent quatre enfants.

Le Roi Alphonse IV ne voyait pas d’un bon œil la liaison de son fils et craignait l’influence des frères d’Inès sur le prince. Il fut décidé d’éliminer Inès.
Pedro fou de douleur s’arma contre son père rendant possible une guerre civile. Alphonse IV mourut peu de temps après s’est réconcilié avec son fils, qui avait compris que les assassins de sa bien aimée étaient les conseillers de son père. Pedro devenu roi du Portugal, sa première décision fut de venger Inès en faisant extrader et exécuter ses assassins. La légende dit qu’il fit exhumer le corps d’Inès, la fit revêtir d’un habit de sacre, la couronna et fit asseoir son corps sur le trône à ses côtés. Il obligea tous les Seigneurs à se prosterner devant sa « reine morte ».

Si vous allez au Portugal, arrêtez-vous à Alcobaça. C’est là que Dom Pedro et Inès reposent pour l’éternité.
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THEATRE 14 - Jusqu’au 19 avril (2h sans entracte)
01 4545 4977 – mardi – mercredi – vendredi 20h30
Jeudi 19h – samedi 16h et 20h 30
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Merci à Jean-Laurent COCHET, sa compagnie joue intensément ce chef-d’œuvre de Montherlant. D’ailleurs, pourquoi les pièces de cet auteur sont-elles si peu données ? Le mobilier, les costumes, mettent ce texte en valeur. Les comédiens sont installés tels des pièces sur un échiquier. Ils assistent au déroulement de l’action, pour s’éclipser leur scène jouée.

Les amoureux de la langue française pourront se délecter, les répliques sont fortes, exaltées, c’est un texte d’une grande beauté, qui rend vie à l’amour sans concession de Inès de Castro. Si l’Histoire retient le nom de Pedro 1er dit le Cruel, Montherlant en fait un prince si falot, qu’on se demande comment il peut mériter une telle passion ! A l’inverse, l’infante de Navarre, bafouée droite et fière, qui a parfaitement compris son rôle de future reine, avoue sans détour qu’elle n’aime pas Dom Pedro, mais qu’elle voit beaucoup plus haut ! rien à voir avec l’amoureuse qui lui tient tête et qu’elle tentera, en vain, de sauver de son funeste sort.
L’infante est-elle éprise de sa rivale ? on peut le supposer également. La jeune fille avouant sans détour qu’elle n’aime pas les hommes et qu’elle ne s’imagine pas aimée ou être aimée… C’est sans nul doute, le seul personnage d’une grande droiture, orgueilleuse. Elle ne cache rien, ne dissimule pas. Inès est son pendant, toute en douceur, amour, compassion.

Jean-Laurent COCHET ……….Ferrante, roi de Portugal
Xavier DELAMBRE ………….. Le Prince Don Pedro, son fils
Pierre DELAVÈNE …………… Egas Coelho, premier ministre
Frédéric GUIGNOT ………… Alvar Gonçalvès, conseiller
Catherine GRIFFONI ………… Inès de Castro
Elisabeth VENTURA …………. L'Infante de Navarre

www.jeanlaurentcochet.com

Maria MALIBRAN, dont on fête le bicentenaire de la naissance, créa le rôle d'Ines de Castro en 1835, opéra composé par Giuseppe Persiani (1799–1869) sur une commande du Teatro San Carlo.

dimanche 9 mars 2008

La forme des choses - Petit théâtre de Paris

Décidemment le théâtre américain nous réserve bien des surprises !
en effet après Good Canary, voici une pièce de Neil Labute LA FORME DES CHOSES.

Evelyn (Julie Delarme) étudiante en histoire de l’art est bien décidée à taguer une statue, objet pour elle de l’hypocrisie (des feuilles de vignes cachent honteusement le sexe du dieu...)

Elle déteste le mensonge et veut la vérité à tout prix. Adam (Jérôme Foucher), jeune étudiant gardien dans le musée pour se faire un peu d'argent, tombe sous le charme de cette jeune femme à l'opposé de lui. Plus tard, il lui présente ses meilleurs amis Jenny (Marie-Julie Baup) et Philipp (César Méric), tous justes fiancés. Malheureusement, Evelyn et son franc parlé vont faire des dégats auprès de Philipp qui a décidé de toutes façons qu’il faut penser comme lui, lors d’une discussion mémorable sur l’art et la vie en général.

Adam se métamorphose, tant physiquement que mentalement, du jeune binoclard bedonnant, il devient très vite séduisant et sûr de lui, l’amour fait des miracles pense ses amis… Il supporte tout d’Evelyn même de renier ses amis.

Evelyn poursuit son travail sur la sculpture et le présentera au final aux étudiants avec un numéro mémorable qui vous laisse pantois !

Jusqu’où va-t-on pour l’art, pour l’amour ? Se laisse-t-on manipuler si aisément, y a-t-il une frontière à ne pas dépasser même au nom de l’ART ?

Les acteurs sont merveilleux, la pièce est dérangeante, cruelle et souvent drôle. Julie Delarme est remarquable d’innocence perverse. Les répliques sont crues, ce n’est pas une comédie sur la jeunesse américaine mais bien sur l’ambition et le paraître, fléaux de notre époque.

Je vous recommande vivement cette pièce qui se joue actuellement.

Petit Théâtre de Paris, à 21 heures, du mardi au samedi, en matinée le samedi à 17 heures et le dimanche à 15 heures. Tél.: 0142800181.