Mes coups de coeur sur le spectacle vivant: théâtre classique, contemporain, cirque, marionnettes, musical, pour les grands et pour les enfants ! Membre de l'Association professionnelle de la critique, Théâtre, Musique et Danse
samedi 12 juillet 2025
Mireio, un rêve de Mistral - théâtre du Chêne Noir Avignon OFF
dimanche 1 décembre 2024
Colette, l'incorrigible... besoin d'écrire - Textes de Colette - A la Folie Théâtre
Colette, l’incorrigible… besoin d’écrire
Sous l’œil avisé de Christine Culerier
Mise en scène initiale Marie-Paule Ramo
Calme, volupté, Colette relit ses pages, dans la douceur de son logis, son joyeux bric-à-brac, et une jolie boite de musique, elle se corrige, se remémore ses souvenirs d’enfance, l’amour que lui portait Sido sa mère, mais surtout son père le Capitaine Colette, amputé d’une jambe.
Colette rend hommage à ce père, c’était un écrivain dans l’âme, et elle se souvient avec gourmandise du matériel d’écriture qu’il achetait !
Elle se remémore, la nature, les animaux, l’enfance heureuse, le jardin mais surtout le couple heureux que formait ses parents.
Nathalie Prokhoris vit intensément les textes si riches, si beaux que Colette, disparue il y a 70 ans nous a laissé en héritage.
Un spectacle et une comédienne à voir sans
hésiter, pour la beauté de la langue, l’écriture et l’humour !
lundi 10 juillet 2023
L'île des esclaves - Marivaux - Avignon Conditions des Soies
L’ile des esclaves
Marivaux
Mise en scène : Christophe Lidon
Adaptation : Michael Stampe
Textes additionnels : Valérie Alane
Avec : Valérie Alane, Thomas Cousseau, Armand Eloi, Morgane
Lombard, Vincent Lorimy
La « servante » éclaire
la scène, un comédien lit un extrait des « voyages de Gulliver », une
comédienne sort son portable, l’autre balaie, enfin sommes-nous chez Marivaux ?
Ma foi oui, une troupe de comédiens
jouent « L’île des esclaves », une belle toile de fond illustrera les
différentes scènes, pour l’instant c’est le naufrage et Arlequin et son maître
Iphicrate parviennent enfin sur une île, oui mais là tout va changer le valet
devient maître et abuse de son pouvoir.
Euphrosine et Cléanthis font de même,
mais ces échanges ne se font pas sans larmes ni révolte. Oui, mais Trivelin est
aussi le chef de troupe, et il a bien du mal à se faire respecter et entendre
par les comédiens ! Là aussi remontrances, discussion sans fin sur l’argent,
la manière de traiter les collègues.
Marivaux l’avait bien écrit, les
changements de situation et de rôles ne sont pas si simples, et les mauvaises
manières reprennent vite le dessus, quelque soit la perruque ou le costume que
l’on porte !
Enfin Christophe Lidon a signé une
bien intéressante mise en scène, et les comédiens sont excellents et imprégnés par
leur rôle, c’est drôle, grinçant, amusant, et surtout fort bien interprété !
vendredi 7 avril 2023
La chienne des Baskerville - Gwen Aduh - théâtre 13ème Art
jusqu'au 9 juillet 2023
Mathilde Mery et Philippe Beau
mardi 11 octobre 2022
Le journal d'une femme de chambre - O. Mirbeau - théâtre de la Huchette
Charmante et mutine Célestine, elle sort de sa baignoire, se pare de sa serviette de bain tout en gourmandant une personne au regard trop appuyé …
![]() |
co Fabienne Rappeneau |
Elle est femme de chambre dans une maison bourgeoise en Normandie, ses nouveaux patrons Monsieur et Madame Lanlaire, ça la fait rire car ils portent un nom à faire et dire bien des blagues !
Célestine a été souvent placée, elle en a à dire sur le beau linge peu reluisant, des patronnes peu intéressées par la chose, par contre leurs maris c’est autre chose ! sans parler des obsédés, le dernier en date lustrait les bottines avec une jouissance évidente… d’autres la désirent, elle se laisse faire, elle aime parfois qu’on la possède. Son enfance ? un frère et une sœur dont elle n’a plus de nouvelles, elle n’en cherche pas non plus, et la mort de sa mère la laisse indifférente.
Lisa Martino incarne parfaitement la domestique sensuelle, coquine, amusante et aussi la jeune fille fracassée par la vie, par l’alcool et les plaisirs.
Nicolas Briançon signe là une mise en scène dense, étouffante, cruelle, qui ne laisse pas indifférent.
La Huchette est décidemment un lieu de
programmation passionnant !
11 octobre 2022
samedi 12 février 2022
Le silence de Molière - G. Macchia - Studio Théâtre Comédie Française
jusqu'au 27 février 2022
Le silence de Molière
Giovanni Macchia
Mise en scène Anne Kessler
avec Danièle Lebrun
Quel bonheur et quelle fierté, Esprit-Madeleine Poquelin nous accorde une conférence sur son illustre père !
Madeleine répond aux questions du public, son enfance ? Elle est née en 1665, seule survivante des enfants de Molière et Armande. Elle parle avec douceur de ses petits frères disparus. Elle a du caractère et se rend compte qu’avoir Armande comme mère n’est guère facile, pour éviter de la froisser, elle cache son âge ! Madeleine n’aime pas le milieu artistique, elle parle avec un certain dédain de la famille Béjart, en dehors de sa marraine Madeleine qu’elle adorait.
Madeleine Poquelin avait 8 ans lors de la mort de son père, pour échapper à la tutelle de sa mère et de son beau-père, elle préfèrera être éduquée au couvent, où elle se trouvait plus libre, que dans le milieu artistique familial. Mais les rumeurs vont vite… et les petites camarades ne vont pas l’épargner. Comment ne pas répondre, pourquoi se taire, mais les preuves lui manquent et elle préfère le silence…
Elle n’entendit plus parler non plus de Baron, qu’elle trouvait très beau à peine plus âgé qu’elle, mais très présent - trop - dans l’existence de ses parents.
Madeleine n’a jamais souhaité devenir comédienne, son père pourtant lui avait écrit le rôle de Louison du Malade, mais elle n’a jamais voulu, a-t-elle des regrets de ne pas avoir donné la réplique à son père ?
Anne Kessler a transformé le texte de Macchia en conférence, Madeleine ne reçoit pas la visite d’un jeune provincial, mais répond aux questions du public, c’est très bien fait d’ailleurs !
Danièle Lebrun donne toute la douceur du personnage, elle est pudique, sait répondre avec aisance et défend la mémoire de son père.
Belle idée d’avoir mis en scène cette fiction, puisque hélas, on ne sait pas grand chose sur la fille du grand homme. Elle disparaîtra en 1723 sans descendance.
Studio Théâtre
12 février 2022
Anne Delaleu
vendredi 11 février 2022
Huis clos - Sartre - Théâtre de l'Atelier
Huis clos
Jean-Paul Sartre
Mise en scène Jean-Louis Benoit et Antony Cochin
Lumières Jean-Pascal Pracht
Costumes Marie Sartoux
Avec Maxime d'Aboville, Marianne Basler, Mathilde Charbonneaux, Antony Cochin
Une porte donnant sur une pièce, couleur dominante rouge, des housses sur les meubles, où est-on ? voilà deux hommes, l’un a l’air de connaître les lieux, l’autre demande avec inquiétude s’il peut sortir, ce qui amuse beaucoup le gardien. On saura plus tard que Garcin était journaliste et qu’il est mort fusillé.
Quelques temps après, le gardien fait entrer une femme, elle est nerveuse, cherche une certaine Florence, ne s’occupe pas du tout de Garcin. Ils ont chacun leur divan, leur territoire, Inès était amoureuse de Florence, elles se sont suicidées, Inès pensait la retrouver dans ce lieu.
Et Estelle fait son entrée, élégante, jolie, Inès n’est pas indifférente. Estelle “voit” son enterrement et fait le constat de l’hypocrisie de sa famille. Elle a aussi un lourd secret.
Ces trois personnages après les présentations, vont s’affronter, se supporter, ils auront l’opportunité de fuir ce lieu, mais non, ils se résignent et après tout pourquoi ne pas continuer à se déchirer, ils n’ont plus que ça à faire de toute façon !
« L’enfer, c’est les autres », réplique connue, l’enfer c’est soi-même aussi, nous avons la liberté d’agir, de penser.
La mise en scène de Jean-Louis Benoit et Antony Cochin fait ressortir l’humour du texte, c’est vrai que l’on sourit souvent, les situations cyniques, le jeu des comédiens. Maxime d’Aboville sait jouer de son charme, Marianne Basler distille son venin avec bonheur, Mathilde Charbonneaux joue parfaitement la jeune écervelée antipathique et monstrueuse.
Un trio infernal que l’on a plaisir à suivre !
Théâtre de l’Atelier
11 février 2022
Anne Delaleu
samedi 28 août 2021
Montagne, les essais - H. Briaux - Théâtre de Poche Montparnasse
Site du théâtre ICI
Montaigne, les essais
adaptation pour le théâtre, Mise en scène et interprétation Hervé Briaux
Accompagnement scénique, Scénographie et costume Chantal De La Coste
Création sonore, Nicolas Daussy
Lumières, Morgane Rousseau
La scénographie nous plonge dans un univers étoilé, le narrateur s’éveille, prend le temps de s’ébrouer, et nous prend à partie.
Il nous parle de société, pourquoi ne pas accepter l’autre, ses différences de culture, de religion ? Il a aussi l’esprit de contradiction, ménager les susceptibilités des uns et des autres, être d’accord avec l’un ou l’autre.
“Malheureux celui qui n’a pas un coin pour se cacher !” quelle belle vérité, lui passait son temps dans sa bibliothèque, heureux d’être entouré de livres, qui prêchait l’oisiveté - pas trop - mais si utile pour se ressourcer, se retrouver.
S’échappant de l’enfer de Machiavel, nous retrouvons avec plaisir Hervé Briaux, il a adapté une partie des essais, pas facile de choisir dans ce monument de la littérature. Il a de la présence, de l’humour, j’aurai préféré par contre un peu plus de “lumière”, la pénombre au bout du compte m’a dérangé un peu.
Montaigne est à lire et relire, c’est un parfait humaniste, ses réflexions sur l’éducation, le temps de vivre, le temps pour s’ennuyer (et oui !) sont des messages toujours d’actualité.
Anne Delaleu
Théâtre de Poche Montparnasse
28 août 2021
jeudi 6 mai 2021
Rabelais - théâtre 13
RABELAIS
Texte Jean-Louis Barrault, d’après les textes de François Rabelais
Mise en scène Hervé Van der Meulen
Par ma pantoufle que voilà un spectacle bien distrayant !
Rabelais, avait une soif et un appétit démesuré, pour la bonne chère et l’amour, il aura été tour à tour prêtre, médecin, mais surtout un grand pamphlétaire devant l’Eternel !
Ses écrits sont étonnamment modernes, crus certes, langage gourmand et fleurant bon le “verger de la France”.
Hervé Van der Meulen recrée l’épopée de Gargantua, Pantagruel et Grandgousier, avec beaucoup de panache et des interprètes talentueux. Ah je n’ai pas pu m’empêcher de rire à l’accouchement de Gargamèle commenté comme un match de foot !
On retrouve aussi Panurge, un bien vilain farceur qui pourrait être de nos jours poursuivi pour maltraitance aux animaux ! et aussi frère Jean un bien curieux moine mais ami de Gargantua.
Le spectacle est dynamique, haut en couleurs, musique, chants et danses, et acrobaties. Les costumes d’Isabelle Pasquier reflètent très bien les personnages et les situations.
Oui tout cela est bien savoureux, une belle fresque à voir et à écouter !
Anne Delaleu
Théâtre 13
5 mai 2021