vendredi 31 janvier 2014

Même pas vrai ! - Poiret/Blanc - théâtre Saint Georges




de Nicolas Poiret et Sébastien Blanc


Avec Raphaeline GOUPILLEAU, Bruno MADINIER, Valérie ZACCOMER, Thomas MAURION, Christophe GUYBET, Anne BOUVIER.


Mise en scène Jean-Luc REVOL



Mathilde et Arnaud son mari s’aiment, et les petits mensonges entre conjoints apportent un peu de piment dans leur quotidien, ils ont aussi un grand fils Michael, Mathilde voudrait qu’il fasse son coming-out mais pas moyen de lui faire avouer ce qu’il n’est pas non plus !


Il y a aussi le bon copain, dragueur impénitent, qui ne sait pas trop comment faire pour se débarrasser d’une fiancée un peu trop entreprenante ! La dite fiancée va se souvenir de sa rencontre avec les amis en question…


Et puis la meilleure amie qui travaille avec Arnaud dans la même clinique, belle plante dévoreuse de mecs, jeunes surtout…


Mais, voilà rien ne se passe comme prévu, les diners s’arrêtent à l’apéro, parce que Mathilde monte en vrille contre les mensonges d’Arnaud, les amis c’est sympa surtout quand ils supportent des soirées pourries comme ça ! Mais ces deux-là sont de vrais gamins, gaffeurs, boudeurs, ne s’occupant pas des dommages collatéraux !


Certes la fin est un peu attendue mais il y a de bonnes répliques.

Un bon moment de rire grâce aux comédiens qui s’amusent autant que nous.

mardi 28 janvier 2014

A demain - Henry - théâtre de l'Aquarium



À Demain
Écriture et mise en scène Pascale Henry

Avec Julien Anselmino, Marie-Sohna Condé et Aurélie Vérillon

Un homme est blessé à la main, il souffre, la femme qui le reçoit tente de lui parler, de le calmer, on ne sait pas pourquoi ni comment il est arrivé là, ni même où on est, mais ce n’est pas vraiment important. 
photo Jean-Pierre Maurin


L’homme est violent ou pourrait le devenir, personne ne veut s’en charger malgré les appels téléphoniques qu’elle passe et les obstacles qu’elle essaie de surmonter.

Sa chef s’oppose à elle, mais toutes deux sont victimes du système, on ne leur demande pas leur avis, ni d’êtres « humaines », les chiffres attendent, la courbe des statistiques est là ! Il faut que les publications soient au top au détriment de l’humain. 

L’une se goinfre de chocolat pour déstresser, l’autre tente de hausser le ton et se fait rappeler à l’ordre par la hiérarchie pour autoritarisme ! Personne ne s’écoute, là est le plus grave.

photo Jean-Pierre Maurin

Statistiques ou humanité ? Pour les indices, les chiffres, on déshumanise complétement. Il faut du rendement, c’est l’effet domino, du plus grand au plus petit, tout le monde est en souffrance, et rien ne changera. La Société pour se protéger, pour se démarquer, crée des lois dont une sur le harcèlement moral, mais c’est le serpent qui se mord la queue.

Les trois comédiens jouent avec intensité, on peut s’amuser du « pétage de plombs » de la chef, tout en la comprenant parfaitement, on nomme ça aussi  joliment  « burn-out », ça fait tendance !

vendredi 24 janvier 2014

L'échange - Claudel - Aktéon théâtre




L’échange
Paul Claudel
Mise en scène Ulysse Di Gregorio

Avec : Margaux Lecolier, Paul Enjalbert, Julie Danlébac, Bruno Sultan

Marthe et Louis s’aiment, il l’a enlevée et elle l’a suivi en Amérique, laissant sa famille et son pays. Elle est douce, attentive à son mari, à la nature sauvage, Louis brûle la vie par tous les côtés, mais s’ennuie déjà avec Marthe. Il a sans doute enlevé la jeune fille comme un défi de plus à relever.

Il est prêt à tout, éternel adolescent, il est assoiffé de liberté, d’aventure et ne recule pas devant la proposition de Thomas Pollock Nageoire d’échanger leurs femmes pour de l’argent. La ténébreuse Lechy, artiste, vit avec Pollock une totale liberté.

Lechy Elbernon vampirise tout ce qu’elle touche, un monstre de froideur, on ne sait si elle joue éternellement la comédie, ou si elle est vraiment folle. Elle aussi ira jusqu’au bout de sa passion dévorante. Elle humilie Marthe, ne la considère pas comme une rivale.

Pollock méprise Laine, il sait ce que vaut Marthe, il est homme d’affaires avant tout, tout s’achète, cependant sa « conversion » finale avec Marthe peut laisser penser qu’il se redressera avec ou sans elle, qu’il rebâtira sa fortune sans problèmes. C’est une pièce avec de nombreuses clés à découvrir.

On se surprend à sourire et même rire, il y a chez Claudel une part d’humour que l’on ne soupçonne pas toujours, une mise en scène toute en sobriété, les comédiens vivant la poésie de Claudel, une bien belle soirée.

mercredi 22 janvier 2014

Des hommes debout - Césaire - théâtre de la Huchette





Des hommes debout
D’après «Cahiers d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire

Adaptation et mise en scène Stéphane Michaud

On entend la voix suave d’une hôtesse pour nous inviter au rêve et pour embarquer dans les îles paradisiaques, et puis aussi un vieux tube de boite de nuit mais…

Un homme étendu, affalé sur un bidon, il parle, la voix et la poésie d’Aimé Césaire nous ramènent à la dure réalité, puis David Valère se lève, blague avec le public, drague gentiment, nous offre des chocolats, puis il revient porter la poésie de Césaire, par le slam, par une danse déhanchée, on a droit au vieux cliché sur les noirs descendent des singes, ne mangent que des bananes.

photo Lot
Hommage à Martin Luther King, Nelson Mandela, sans oublier Léopold Sedar Senghor, un quizz pour nous rappeler les noms des grands humanistes, intéressant et ludique ! Une chanson d’Aznavour pour évoquer la rencontre de Césaire et son épouse, leur mariage, un moment de tendresse.
photo Lot

David Valére nous convie à la fête, mais aussi à la réflexion, Césaire était poète mais avant tout le défenseur de tout un peuple, David Valère donne un bon coup de canif aux catalogues et autres cartes postales, l’égalité et le respect sont un combat de tous les jours pour tous les opprimés quels qu’ils soient.

photo Lot

Le théâtre de la Huchette toujours novateur, est le premier théâtre privé à donner vie au texte d’Aimé Césaire et à une belle performance de comédien.
 

vendredi 17 janvier 2014

Crime et châtiment - Dostoievski - Théâtre de l'Atalante



 

Crime et chatiment (1866)

Fedor Dostoievski (1821-1881)


Raskolnikov jeune étudiant, se croit investi d’un pouvoir suprême, il cite volontiers Napoléon, la fin justifie les moyens. Il n’a plus d’argent pour se vêtir décemment, il donnait autrefois des leçons, mais il refuse le travail que lui propose son ami Razoumikhine. Il rejette avec violence l’argent que lui envoie sa mère parce qu’il comprend que le mariage de sa sœur, est une sorte de prostitution qui lui permettrait de vivre sans soucis d’argent.

L’usurière est ignoble et profite du malheur des autres, mais mérite-t-elle la mort ? Raskolnikov a prémédité son crime, mais pas ce qui allait suivre, il est obligé de tuer la sœur qui devenait un témoin gênant. A partir de ce moment là, c’est la descente aux enfers.

En fait, Raskolnikov imbu de lui-même, n’est rien moins qu’un assassin ordinaire, alors qu’il se prenait pour un idéaliste. La dure réalité et l’amour de Sonia lui feront accepter le chatiment et la souffrance pour mieux se relever.

La mise en scène de Benjamin Knobil nous tient en haleine, l’intensité dramatique du Raskolnikov de Frank Michaux, la Sonia lumineuse de Loredana Von Allmen, Romain Lagarde prend le parti de jouer le juge Porphyre, un peu trop rigolard pour être inquiétant mais pourquoi pas ? Les cinq comédiens endossent d’autres rôles avec pour chacun une nouvelle identité.

Le décor sur plateau tournant et nous sommes suivant les scènes, dans différents endroits, la chambre misérable de Raskolnikov, le taudis de Marmeladov, l’appartement de Porphyre, l’auberge, le commissariat, la chambre de Sonia, l’action est ainsi relancée, il y a beaucoup de dynamisme et de ferveur.

Une pièce à voir absolument avec des comédiens d'exception.

 
 

jeudi 16 janvier 2014

Homme pour homme - Brecht - théâtre de la Tempête




L’action se situe en Inde, sous la domination britannique. Brecht a écrit cette pièce en 1927 après la Grande Guerre, il se moque des militaires et fustige l’Occupation quelle qu’elle soit.
C’est l’histoire d’un couple simple, le docker Galy Gay et sa femme, pour lui faire plaisir il part chercher un poisson pour leur diner. 


Son destin croise celui de trois militaires, soiffards, ignares, ils ont profané un temple, l’un des militaire en a perdu une partie de ses cheveux et c’est contre lui une preuve de sa participation au pillage, il se cache pour cuver son vin. Ses comparses pour le sauver, enrôlent et manipulent Galy Gay pour endosser son uniforme et son identité.


Celui-ci n’aura pas trop de mal et même beaucoup de fierté à endosser l’uniforme. Il deviendra sans difficulté l’autre, rejetant son passé et ne répondant plus à son nom.

On rit, il y a des trouvailles, des gags, les comédiens sont extraordinaires de naturel, on chavire dans l’hystérie totale avec la veuve Begbick et Quinte de sang. 


La mise en scène de Clément Poirée nous entraine dans un tourbillon, c’est une farce cruelle. C’est inventif et il y a une excellente direction d’acteurs.


mardi 14 janvier 2014

sonates d'automne - Bergman - théâtre de l'Oeuvre




mise en scène Marie-Louise Bischofberger
adaptation de Marie Deshaires

Françoise Fabian, Rachida Brakni ; Eric Caruso

Surtout connu pour sa filmographie, Bergman a écrit de nombreuses pièces de théâtre, certaines ont été montées en France : « Scènes de la vie conjugale », « Après la répétition ».

« Sonates d’automne, est le seul film tourné avec sa compatriote Ingrid Bergman, ce fut leur seule collaboration, le tournage ne s’étant guère déroulé dans l’harmonie avec ses deux monstres sacrés…

Le sujet est universel, les rapports conflictuels entre mère et fille, certes jamais facile, mais là les protagonistes sont une pianiste virtuose et sa fille Eva, mariée à Viktor un pasteur, il y a aussi la présence d’Hélena la fille handicapée que Charlotte avait placée dans un institut spécialisé.

Eva a invité sa mère, elles ne se sont plus vues depuis sept ans. Eva veut-elle faire la paix ou régler ses comptes avec une mère absente, peu aimante, négligeant ses filles, est-ce à cause d’elle que la plus jeune est handicapée mentale ?

Le décor est simple, un fond de mur en crépi, le piano droit d’Eva sur lequel elle va « massacrer » Chopin sous le regard impitoyable de sa mère ! Une table pour le diner qui pourrait être convivial mais malheureusement, Charlotte reçoit de son attaché de presse un coup de fil et un contrat mirobolant, elle en oublie ce moment familial. 

Le dialogue entre elles deux sur fond de musique classique, n’est pas des plus tendres, Eva mariée sans amour à Viktor, reproche à sa mère une enfance gâchée, une notoriété qui l’a éloignée de son foyer. Charlotte se défend, elle confie à sa fille qu’elle n’a pas eu une enfance très heureuse, mais elle a aimé sincèrement son mari et son compagnon. C’est une femme plus qu’une mère, elle ne s’en défend pas.

Que dire de la mise en scène ? C’est surtout un texte dense, violent et Rachida Brakni prouve s’il en est encore besoin qu’elle est une grande comédienne,  Françoise Fabian ne m’a guère convaincue dans ce portrait de femme humiliée par sa fille. Eric Caruso joue tout en douceur, défendant sa femme, contre vents et marées.

jeudi 9 janvier 2014

La leçon - Ionesco - théâtre Essaion



Mise en scène Jean-Pierre Briére
Avec Marie Crouail, Karine Huguenin, David Stevens

Une petite ville de province, une jeune fille vient prendre une leçon particulière pour préparer son « doctorat total », son professeur est timide et respectueux, il l’accueille avec bienveillance. Sa bonne le met en garde mais il n’en tient pas compte et celle-ci retournera dans sa cuisine jusqu’au dénouement…

La jeune fille ne s’étonne de rien, pas plus de la familiarité de la bonne que du bureau du professeur qui se maintient grâce à une pile de livres. 

L’élève étale un peu trop son savoir et surtout s’obstine (par jeu, par inconscience ?) à ne pas comprendre le problème arithmétique simple qu’il lui pose, alors qu’elle est dominante au début, enjouée et moqueuse, le professeur deviendra tyrannique, cruel et délirant totalement sur le langage, les sons.

C’est une parodie de l’enseignement, Ionesco s’est servi d’un livre de classe de sa fille pour écrire cette pièce, comme il l’avait fait pour « la cantatrice chauve » lorsqu’il apprenait l’anglais.

Une mise en scène inventive, décalée, électrisante, les comédiens investissent la scène et jouent à fond l’absurdité jusqu’à la folie.

mardi 7 janvier 2014

A la folie Feydeau - théâtre de Poche-Montparnasse





Avec Feydeau il faut toujours se méfier… ça commence gentiment, en douceur, et puis le petit grain de folie se présente et s’insère malicieusement dans le rouage pourtant bien huilé de la bonne bourgeoisie !

« A la folie Feydeau » regroupe des extraits de trois pièces, dans lesquelles les quiproquos sont rois. 

Folie douce, cynisme, les personnages comme dans un tourbillon, nous entrainent à leur suite.

Une jeune fille sage et musicienne reçoit chez elle un jeune homme pressé mais pas par l’amour de la musique, dans la seconde histoire, un couple est réveillé par un valet trop pressé d’annoncer une mauvaise nouvelle, et pour la dernière scène, là aussi un homme trop pressé de quitter sa maîtresse, a engagé à la va-vite un domestique belge, qui non seulement a un accent à couper au couteau mais aussi des « manières » un peu frustres… 

Les histoires de Feydeau sont toujours à la limite de la tragédie et le miracle Feydeau transforme le tout en comédie légère.

Dynamisme, fous rires assurés, les comédiens nous font partager leur humour, des chansons relient chaque histoire, les décors tournent, s’ouvrent comme des boites et se transforment, chaque scène a son « intérieur », les comédiens changent de costumes devant nous, les messieurs se travestissent en femme de chambre ou en vieille dame !

Un bon moment de détente, une mise en scène efficace et des comédiens talentueux. 
challenge-theatre-2014