jeudi 27 octobre 2016

Vladimir Jankélévitch - B. Abraham-Krémer - Le Lucernaire

Site du théâtre ICI
théâtre noir/1h20
mardi au samedi 19h - dimanche 15h

Vladimir Jankélévitch (1903-1985)
La vie est une géniale improvisation

D’après la correspondance réunie par Françoise Schwab
Mise en scène et adaptation Bruno Abraham-Kremer et Corine Juresco

Bruno Abraham-Kremer, petit garçon écoutait sa mère, professeur de philosophie, lorsqu’elle recevait ses élèves pour des cours particuliers. Le petit Bruno est donc baigné par la philosophie et surtout celle du maître de sa mère, Vladimir Jankélévitch. Il a décidé d’en faire un spectacle, vivant, émouvant, drôle.

C’est à travers la correspondance entre « Janké » et Louis Beauduc (1903-1980), que nous découvrons la personnalité du philosophe, 60 ans d’amitiés ! Ils ont 20 ans en 1923, Louis part en province pour enseigner et débute alors une longue correspondance.

Ce spectacle est vivant, intéressant, par les aspects visionnaires du philosophe sur l’enseignement, l’éducation, la société en mouvement, son peu d’engouement pour les événements de 68 lui a attiré beaucoup d’hostilité et d’incompréhension. Ses doutes, ses inimitiés (Sartre !), son humour. En parfaite harmonie entre ses idées et ses actes. Il était aussi musicologue, grand amateur de musique française, Ravel, Debussy…


Après la seconde guerre mondiale, la Shoah, il ne voudra plus entendre parler de l’Allemagne, cet homme cultivé, rejettera toute culture germanique, et pourtant un jour…

...Un jour, il recevra un allemand chez lui, un professeur de français, qui lui avait adressé une lettre émouvante, et demandant pardon, pour les crimes contre l’humanité de son pays.

Bruno Abraham-Kremer reprend ce spectacle qui lui tient à cœur et qu’il a donné avec beaucoup de succès depuis 2012.

"On peut, après tout, vivre sans le je-ne-sais-quoi, comme on peut vivre sans philosophie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien." Vladimir Jankélévitch

Anne Delaleu
27 octobre 2016

mardi 25 octobre 2016

Le jeu du chat et de la souris - I. Orkény - Théâtre de l'Epée de bois


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Le jeu du chat et de la souris (1963)
Istvan Orkény (1912-1979)

Avec Jeanne-Marie Garcia, Sophie Pincemaille, Fabienne Gozlan (qui signe la mise en scène) et Paruyr Shahazizian (violoncelle et jeu)


Une histoire de sœurs, comme on peut en connaître dans sa propre famille, là deux personnalités et deux destins différents, deux sœurs d’un certain âge, qui ont vécu la seconde guerre.

L’une a fait un beau mariage, elle est aisée mais clouée dans un fauteuil roulant, un éclat d’obus…

L’autre, plus bohême, musicienne, s’est entichée d’un ancien chanteur d’opéra, elle supporte tout de lui. Paula sa nouvelle amie brûle de rencontrer Viktor. Giza n’aime pas Paula elle ne l’a pas rencontré, est-ce de la jalousie, peur que sa sœur la délaisse ?

C’est par le truchement du téléphone que les deux sœurs se confient, se disputent, s’aiment de toutes façons, car rien ne pourra les séparer.

Hélas, un jour Victor trompe Erzsi avec Paula. Erzsi a dû mal à s’en remettre, une rupture amoureuse fait autant de mal à 20 ans qu’à 60.

La mise en espace des deux appartements est créée par une table en formica, avec deux nappes différentes, d'un côté la Hongrie et la cuisine d’Erzsi, de l'autre le bel appartement allemand. L'une fait la cuisine, l'autre cherche dans ses souvenirs et ses photos. Une certaine photo d’ailleurs, où deux jeunes femmes rieuses courent pieds nus dans un pré. Là aussi, leurs souvenirs divergent.


Le début m'a paru un peu long et pas vraiment nécessaire dans la compréhension de la pièce. Les deux comédiennes jouent avec beaucoup de naturel et sont accompagnés au violoncelle par « Viktor » de dos que l’on entend parfois répondre à Erzsi.

Anne Delaleu
Théâtre de l’Epée de bois
25 octobre 2016


dimanche 23 octobre 2016

Le portrait de Dorian Gray - O. Wilde - Studio des Champs Elysées


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mardi au samedi 20h30 - dimanche 16h 2 h
Le portrait de Dorian Gray
Oscar Wilde


Avec Arnaud Denis ou Valentin De Carbonnières, Lucile Marquis ou Caroline Devismes, Fabrice Scott ou Maxime de Toledo et Olivier Breitman ou Thomas Le Douarec qui signe l’adaptation et la mise en scène. 

Le peintre Basil Hallward, rencontre lors d’un cocktail mondain, le jeune et beau Dorian Gray. Il en tombe amoureux et lui propose de réaliser son portrait.

Lord Henry, ami de Basil, fasciné par le portrait demande à connaître le modèle. Le malheur est en marche… Manipulateur, Lord Henry, cynique, énigmatique, sans moralité aucune, quelques flèches bien aiguisées sur les femmes, on en rit d’ailleurs, les bons mots d’auteurs sont toujours bienvenus !


Qui est Dorian Gray ? Un jeune homme beau, mais vide, obsédé par son image et sa peur de vieillir comme la plupart d’entre nous. C’est sans remords qu’il détruira l’amour de Sybil, le seul être honnête qu’il rencontrera. Son souhait sera exaucé, seul le portrait vieillira à sa place, et il sera jeune éternellement jusqu’à ce qu’il éprouve du remords pour la vie dissolue qu’il a menée et les souffrances endurées par les autres. La malédiction cessera-t-elle grâce aux bonnes actions ?

Roman fantastique, « Le Portrait de Dorian Gray » aborde les thèmes de la beauté, de l’art, de l’esthétisme, de l’homosexualité. Il y a beaucoup de l’écrivain dans cette œuvre.

Les comédiens servent une mise en scène inventive, par contre le tartan irlandais est partout, un peu trop pour mon goût, jusque sur le canapé !


Wilde est très critique envers la gente féminine, lui qui ne tarissait pas d’éloges sur son épouse Constance ! Et elle en eut du courage…


Après un succès bien mérité au Lucernaire, l’unique pièce de Wilde joue les prolongations et s’il on veut en savoir plus sur ce dandy amoureux de la France on peut se rendre au Petit Palais où une exposition lui est consacrée. 

Anne Delaleu
mise à jour le 23 octobre 2016

samedi 22 octobre 2016

Conversations avec ma mère - J. Galceràn - La Pépinière théâtre

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mercredi au samedi 19h et dimanche 15h
1h30
Photo Libre de droit (c) Marianne Grimont
Conversations avec ma mère
Jordi Galceràn

Mise en scène Pietro Pizzuti
Adaptation théâtrale d’après le film de Santiago Carlos Ovès

Que faire quand on a 50 ans, et que maman vous voit toujours petit garçon avec des bottes jaunes et un ciré vert ?


Jaime n’a guère de chance, son couple bat de l’aile, il a été licencié, il doit vendre l’appartement qu’occupe Mamà. Pour une fois que Jaime se déplace la voir c’est pour lui annoncer cette mauvaise nouvelle. Et pourtant elle est si contente, elle lui prépare des petits plats mais il ne vient jamais. Peu de nouvelles, peu d’appels, et ne parlons pas des petits-enfants… silence radio !


Pour ne pas trop accabler son fils, elle lance des injures contre la belle-mère de celui-ci, mais que vient de dire Mamà, qui est Grégorio ? Allons bon il ne s’attendait pas à ça non plus !


Jacqueline Bir campe cette malicieuse vielle dame de 82 ans, elle est drôle, émouvante, elle forme avec Alain Leempoel un couple attachant.

Il y a beaucoup de vérités dans le texte, ce qui n’empêche pas les éclats de rire !


Anne Delaleu

vendredi 21 octobre 2016

Le chien - EE Schmitt - théâtre Rive Gauche


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calendrier et horaires des représentations sur le site
durée 1h05


Le chien
Eric-Emmanuel Schmitt

Mise en scène de Marie-Françoise et Jean-Claude Broche

Avec Mathieu Barbier et Patrice Dehent



« Les animaux valent mieux que les humains » on aurait pu tomber dans le simpliste et le cliché, il n’en est rien avec cette pièce, subtilement mise en scène ainsi qu’à son émouvante interprétation.

Un écrivain et un médecin se lient d’amitié, le chien de l'histoire est un superbe Beauceron, nommé Argos, qui fait partie de la vie du Docteur Heymann, il est veuf, une fille qui l’aime.

Un malheureux jour, Argos est renversé par un chauffard, Samuel ne supporte pas la perte de son compagnon et se tue.

Son ami tente de percer son secret, il reçoit une lettre-confession de Samuel postée quelques jours avant sa mort… il charge l’écrivain de la lire à sa fille, qui n’a jamais rien su de son passé.


L’humanité, l’amour et le pardon peuvent-ils naître dans la boue et l’horreur d’un camp d’extermination ? C’est ce que nous conte cette histoire. A nous de juger, mais ce texte m’a fait penser à « Si c’est un homme » de Primo Levi, lui aussi rescapé mais meurtri à jamais, comme Samuel.

Mathieu Barbier est un fin diseur, il adoucit quelque peu le récit de Patrice Dehent qui est fureur et humiliation retenues.


Un beau texte superbement vécu.


Anne Delaleu
21 octobre 2016


mardi 18 octobre 2016

Moi et François Mitterrand - H. Le Tellier - théâtre du Rond-Point


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jusqu'au 20 novembre à 18h30
1h15
photos Raphaël Arnaud



Moi et François Mitterrand
Hervé Le Tellier

Mise en scène Benjamin Guillard, avec Olivier Broche

Le décor est posé et imposant, un bureau, un rétroprojecteur, une vue de l’Elysée, sur le mur un portrait de François Mitterrand, et sur une musique très solennelle, Hervé majestueux entre en scène…


Il nous raconte sa surprenante amitié avec le locataire de l’Elysée. 1983, Hervé en vacances à Arcachon, ne résiste pas à adresser au Président de la République, une carte postale, le félicitant (un peu en retard) de son élection de 1981 !

De cette simple carte, la vie d’Hervé va changer, il reçoit quelques mois plus tard une lettre à l’en-tête de la Présidence !  S’ensuit une correspondance entre eux, Hervé lui raconte tout, sa vie amoureuse, hélas Madeleine le quitte, son chômage, mais il retrouve vite un emploi, et pense que François  y est – secrètement – pour quelque chose.


Enfin Hervé souffre de solitude, cette correspondance avec celui qu’il admire tant est de bonne augure jusqu’en 1996… date fatidique pour Hervé.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là… et grâce à l’interprétation surprenante d’Olivier Broche, la grande Histoire, nous est contée à sa manière, de façon subtile, drôle, incisive, Olivier Broche est un spectacle à lui seul !

C’est un spectacle pochette-surprise ! On rit de bon cœur aux élucubrations d’Hervé, son égo surdimensionné y est aussi pour beaucoup.

C’est simple 2017 je vote Hervé !

Anne Delaleu
18 octobre 2016



mercredi 12 octobre 2016

Le roman de Monsieur Molière - M. Boulgakov - théâtre du Lucernaire

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mardi au samedi 18h30
dimanche 16h
(durée 1h10)

Le roman de Monsieur Molière
D’après Boulgakov, Molière et Lully

Mise en scène et adaptation Ronan Rivière

Avec Ronan Rivière (en alternance avec François Kerkourlay), Mickaël Cohen et au piano Olivier Mazal.

Une charrette à bœufs, un fauteuil, images de la vie de comédien nomade !

Deux comédiens nous content l’histoire du jeune Jean-Baptiste Poquelin, celui-ci ne veut rien entendre, embrasser la profession de tapissier rien à faire ! il aime tant les comédiens, son grand-père l’a souvent emmené applaudir les comédiens de l’hôtel de Bourgogne ou encore les italiens et les pitreries de Scaramouche ! 

Il veut être comédien, son père le chasse, il trouve refuge chez les Béjart, il retrouve une famille qui l’aime et qui l’accueille. Il est enfin chez lui, et il a des idées à revendre, pas toujours le bon choix mais bon…


Molière - car enfin c’est de lui qu’il s’agit ! – est contraint de fuir Paris, ses bigots et surtout ses dettes, que son père paiera pour le sortir de prison. Les tournées provinciales, l’obligation de se courber devant les puissants, les faire rire, surtout plaire au plus puissant, et approcher le Roi-Soleil ! Mais il y a les cabales, les amours déçus, les rumeurs qui pourrissent tout.

L’adaptation du roman de Boulgakov (1891-1940), dont on connait mieux « Le maitre et Marguerite » est très fine, intelligente, joyeuse, pleine d’entrain, on rit, on est ému. On passe de Boulgakov à Molière le tout imprégné de la musique de Lully, qui deviendra son pire ennemi.



Les comédiens ont une présence indéniable, Ronan Rivière est un jeune et impulsif Molière, Michaël Cohen est truculent à souhait ! Olivier Mazal nous enchante au piano avec quelques pages de Lully.

Anne Delaleu
12 octobre 2016



mardi 11 octobre 2016

L'éveil du chameau - M. Magellan - théâtre de l'Atelier

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mardi au vendredi 19h
samedi 16h30 et 19h

L’éveil du chameau
De Murielle Magellan
Mise en scène de Anouche Setbon

Avec Barbara Schulz, Pascal Elbé et Valérie Decobert


Ne cherchez pas le désert, ni les touaregs, ni même le zoo de Vincennes, le chameau en question est l’indélicat Mickaël qui se fait insulter par Maryse.

Et pourquoi ?

Maryse, jolie femme, chemisier sage et jupe longue plissée, un peu stricte, déboule chez Mickaël pour lui annoncer que sa fille Claire est enceinte de son fils Simon, celui-ci, a très vite pris ses responsabilités, il s’est enfui à toutes jambes !

Maryse ne l’accepte pas, elle prend en « otage » Mickaël, pour qu’il renoue avec Simon et le place devant ses responsabilités.


Mais voilà, Mickaël, Casanova et Don Juan réunis, n’a rien d’un père de famille, encore moins un grand-père !

Il mène sa vie comme il veut, il assume son égoïsme envers Simon, sa compagne de l’époque souhaitait un enfant, pas lui. Au moins il est honnête et n’est même pas antipathique ! C’est bien ce qui trouble Maryse.


Barbara Schulz est convaincante dans son rôle de mère, qui s’occupe (trop ?) des affaires de cœur de sa grande fille, elle se posera des questions… Valérie Decobert est le joker, la femme trop soumise peut-être. Pascal Elbé n’a pas le beau rôle, mais il parvient à retourner la situation, après tout, il est efficace mais surtout dans l’humanitaire, s’occuper des autres bien loin, oui c’est mieux !


Voilà le non-conte de fées, amusant, émouvant parfois.


Un bon début de soirée à passer au théâtre.



mardi 4 octobre 2016

Petits crimes conjugaux - E-E. Schmitt - théâtre Rive Gauche


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Photos Fabienne Rappeneau

Petits crimes conjugaux
Eric-Emmanuel Schmitt

Mise en scène Jean-Luc Moreau

Un piano trône au milieu de l’appartement,  l’escalier en vis monte à l’étage, un bureau, un fauteuil crasseux, un divan, une belle bibliothèque.


Lisa entre dans l’appartement, préoccupée, un homme la suit, elle lui demande si ces lieux lui sont familiers. Non rien, Gilles est son mari, il est resté longtemps à l’hôpital, une chute dans leur escalier l’a conduit aux urgences, mais il est devenu amnésique.

Le combat de Lisa sera de faire remonter les souvenirs, heureux, drôles parfois, leur rencontre, leur première fois, leur voyage de noces…


Gilles tâtonne, pose des questions, tente de se glisser à nouveau dans la peau de ce romancier qu’il découvre et qu’il n’a pas l’air d’aimer.

Alors viennent les questions, pas facile de demander si le couple était heureux, dans leur intimité, dans le quotidien.


Petit à petit, leur résistance au mensonge va éclater, et la vérité découvrira un autre couple pour le pire ou le meilleur ?



Fanny Cottençon a la fragilité qu’il faut pour Lisa devant un Sam Karmann séduisant et ambigu. La pièce m’a semblé quand même un peu bavarde sur le couple, la vie en commun.


Anne Delaleu
4 octobre 2016

Roméo et Juliette - W. Shakespeare - Comédie Française



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Roméo et Juliette
William Shakespeare

Mise en scène Eric Ruf


Histoire d’amour intemporelle et légendaire. Il y a la fête du début sur la place du village, la bagarre entre les deux clans et le bal des Capulet, les hauts murs de Vérone qui se déplacent au gré des scènes.

La mise en scène soignée d’Eric Ruf, les décors modulables, superbes, quoique la chambre de Juliette soit bien austère et ressemble plus à une chambre d’hôpital !

Lorsque j’ai lu les notes de mise en scène d’Eric Ruf, je m’attendais à autre chose, des transpositions il y en a déjà eu, mais quelle est sa vision de la pièce ? Un peu étonnée aussi de la violence des propos du père Capulet traitant sa fille de pute et de roulure si elle ne consent pas au mariage avec Pâris.

Suliane Brahim est une Juliette convaincante, gamine amusante, et émouvante. Jérémy Lopez a la lourde tâche d’être son Roméo.

Par contre, je n’ai pas ressenti d’émotions, certes c’est bien fait, bien rôdé, bien lissé, voilà.

Et toujours l’éternelle problème sur la diction et les voix qui ne portent pas pour certains comédiens.