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durée 2h
jusqu'au 24 avril
Le petit maître
corrigé
Marivaux
Mise
en scène Clément Hervieu-Léger
Avec
Florence Viala (Dorimène), Loïc Corbery (Rosimond), Adeline d’Hermy (Marton),
Pierre Hancisse (Dorante), Claire de La Rüe du Can (Hortense), Didier Sandre
(le comte), Christophe Montenez (Frontin), Dominique Blanc(la marquise) et Ji
Su Jeong (la suivante de Dorimène)
Sur
scène, du sable, de hautes herbes, dans le fond on aperçoit la machinerie, les
projecteurs. Soudain la toile se lève, le ciel bleu sur une toile peinte, j’aurai
bien aimé qu’elle reste tout le temps dans notre champ de vision !
Une
jeune femme accoure, son matériel de peinture en mains, elle dispose des
feuillets qui s’envolent ! Marton sa suivante, la rejoint, elle pose. C’est
un joli tableau de maître !
Frontin,
valet de Rosimond, le fiancé d’Hortense, les rejoints à son tour, il a le
parler un peu « pointu » de Paris, qu’il prononce « Péris ».
Rosimond
est promis à Hortense, leur mariage est imposé par leurs parents. Mais
Paris/Province ne vont pas faire bon ménage, et le jeune homme va l’apprendre à
ses dépends ! Au 18ème siècle un petit-maître était l’arbitre
des élégances, du savoir-vivre, joueur, enfin d’après ses critères et d’après
Paris. Différence sociale, aristocratie de province contre celle de Paris,
différence Paris/Province tout est là. De nos jours on peut dire aussi, qu’il y
a un parisianisme aigu envers la province, qui nous le rend bien !
Son
air hautain, ses manières précieuses, (quelle affaire lorsqu’il doit s’asseoir
à même le sol ! ) Hortense est trop « nature » pour plaire au
jeune homme, quoique ...
Dorimène
a fait le voyage de Paris pour le retrouver et le forcer à l’épouser, le voilà
bien pris au piège, sa mère veut le déshériter, Hortense veut un amour sincère
et croit le trouver chez Dorante ami de Rosimond.
Frontin
a la voix de Stéphane Bern, Marton est libertine et sans chichis, Rosimond snob
mais pas trop et si touchant à la fin, Dorimène est bien parisienne, la
marquise et le comte orchestrent tout ce petit monde à leur guise. Dorante sera
bien sûr désespéré car il en faut un ! Je reste un peu sur la réserve pour
Hortense, que j’ai trouvé un peu en deçà de ses partenaires.
Enfin
une mise en scène qui respecte l’époque, pas de portable, pas d’attaché-case, un
simple décor campagnard, des costumes 18ème. Un souffle léger de
Fragonard.
Les
plus, une mise en scène inventive, légère, drôlissime, les moins, il faut
tendre l’oreille pour entendre le texte, ce qui est fort dommage, on en perd la
subtilité.
Tout
le style de Marivaux est là, cette pièce ne fut jouée à sa création que deux
fois, victime d’une cabale orchestrée semble-t-il par Crébillon, le monde du
théâtre est impitoyable !
La Comédie Française a eu une belle idée de
ressortir ce petit bijou.
Anne Delaleu
20 décembre 2016
une belle redécouverte!
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