dimanche 23 février 2014

La Visite de la vieille dame - Friedrich Dürrenmatt - Théâtre du Vieux Colombier



La visite de la vieille dame (1956)

Friedrich Dürrenmatt (1921 – 1990)

Scénographie et mise en scène Christophe Lidon 





Clara revient au pays, ce n’est pas n’importe qui, elle est née à Güllen, elle est milliardaire, et les notables du pays veulent l’accueillir en grande pompe. Il y a aussi et surtout son ami d’enfance, Alfred, ils ont été amoureux, mais l’un a choisi la fille de l’épicier, et l’autre collectionne les maris qu’elle jette aussi vite épousés !

Le village est très pauvre, les usines ont fermé, il y a le chômage et tous n’ont qu’une idée en tête, soutirer de l’argent à l’enfant du pays. Pour cela ils comptent sur Alfred pour attendrir la milliardaire.

Mais voilà, après les discours pompeux, les dégoulinades de sucreries en tout genre, Clara leur raconte son histoire, il y a 45 ans, elle a quitté le pays sous les quolibets des « braves gens », enceinte et mis au banc de la société, par la faute d’un homme, Alfred. Celui-ci pour ne pas reconnaître l’enfant qu’elle portait, a soudoyé deux hommes qui ont prétendu au tribunal avoir été ses amants …

Clara froidement, leur propose un marché : un milliard à partager entre la ville et chaque habitant, la condition, Alfred doit mourir, il doit payer. Elle se venge ainsi cruellement de la vie dure qu’elle a menée, de la mort de leur enfant, de son désespoir.

Bien entendu après la stupeur vient l’indignation, le maire déchire le contrat, mais Clara ne s’en offusque pas, elle patientera et s’installe au village.

Peu à peu, la cupidité l’emportera, Alfred ne trouvera nulle part ni appui moral, ni protection policière, pas de réconfort dans sa propre famille. Au contraire, il se rendra compte bien vite que tous ont déjà leur projet, des vêtements neufs, de nouvelles chaussures, une nouvelle cloche pour le Temple, une machine à écrire dernier cri pour la Mairie.

Il y a du cynisme et aussi une certaine poésie, comme la promenade en voiture, la dernière qu’Alfred fait avec ses enfants et sa femme (qui a déjà acheté un manteau en renard…) la route de campagne qui défile paisiblement. 

Clara est dure, cynique, mais elle ressent encore des sentiments pour cet homme qui l’a reniée, on le voit dans une scène où elle le retrouve par hasard dans le bois, ils égrènent leurs souvenirs avec tendresse et humour.

Le pasteur, le maire, le professeur tous devront vivre avec cette lâcheté, la pauvreté, la misère, rien ne justifie un acte aussi abject.

Danielle Lebrun, vieille dame indigne, gouailleuse et venimeuse à souhait, Samuel Le Bihan a le triste privilège d’être la victime et il en sort grandi. La mise en scène de Christophe Lidon ne laisse rien au hasard avec une direction d’acteurs intelligente. 

Challenge théâtre 2014

 La pièce de l’auteur la plus jouée au monde, dense et riche de tous les travers humains, un régal pour les théâtres et les comédiens et surtout la comédienne principale. Friedrich Dürrenmatt a écrit de nombreuses pièces, des livres policiers, des scenarii, mais sa passion était la peinture.

Du 19 février 2014 au 30 mars 2014
Durée du spectacle : 2h10 sans entracte

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