Allah n’est
pas obligé
d’après Ahmadou
Kourouma librement adapté par Éloïse Brezault et Laurent Maurel Mise en scène :
Laurent Maurel
Caroline
Filipek, Vanessa Bettane en alternance avec Tatiana Werner.
« Allah n’est
pas obligé ». De quoi sommes-nous immédiatement tentés de nous interroger. « De
ne pas nourrir toutes les bouches qu’Il a créées » nous répond Birahima, un
enfant soldat ivoirien dont on suivra le périple cauchemardesque de la Côte
d’Ivoire au Liberia en passant par Sierra Leone ravagé par la guerre.
Adaptée sous
forme de tableaux, l’œuvre de Ahmadou Kourouma ne nous épargne rien des
atrocités et de l’absurdité de cette guerre vue par un enfant et vécu comme un jeu où le seul moyen de
survivre est de tuer.
Confier à deux
comédiennes blanches tout de noir vêtu, trentenaires le rôle de Birahima mais
de tout ceux qui croisent son chemin relevait réellement de la gageure dont
Laurent Maurel a remarquablement exploité toutes les ressources.
La prestation
des comédiennes est époustouflante. Leur voix allant du cri au chuchotement
ponctués de mélopées, leur marche au pas militaire interrompue de transe ou de
ronde enfantine restituent la survie de Birahima macabre et ludique dont les
règles sont dictées par les militaires, les généraux, les colonels.
Pour tout décor
en toile de fond, la conception vidéo représente l’Afrique dans le partage de
sa géographie, ses symboles, l’ombre de ses sorciers, sa sauvagerie au service
d’un éclairage magique.
Il semble que
le parti pris de cette conception théâtrale demeure le seul à pouvoir évoquer
les horreurs d’une guerre ayant déjà fait plus de 300 000 morts et dont autant
d’enfants sont encore enrôlés dans l’innommable activité de small soldier.
Un spectacle
envoutant d’où l’on sort bouleversé, édifié, sans voix.
Lucernaire
jusqu’au 3 janvier 2010
Du mardi au
samedi à 18h30 et les dimanches à 17h
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