Mise en scène Jeanne Champagne
Avec
Sébastien Accart, Fabrice Bénard, Agathe Molière, Sylvain Thirolle et Tania
Torrens
Du roman autobiographique « Barrage contre le
Pacifique » Duras en a tiré cette pièce. Jeanne Champagne connaît bien
l’œuvre de Duras, elle a mis en scène « La maison » d’après « La
vie matérielle », ainsi que « La musica ».
Sur scène, des tréteaux qui aboutissent à un rideau,
au-dessus en lettres scintillantes on lit « Eden Cinéma ». Ce décor
est aussi la terrasse d’un café, la demeure de Duras, l’embarcadère, et bien
entendu le cinéma, siège de tous les fantasmes et des rêveries.
Le personnage central, la mère, forte personnalité
(intense Tania Torrens), elle s’est battue mais s’est fait flouer par les
coloniaux, ils lui ont vendu une terre salée, incultivable. Elle a perdu tout
son bien.
Les enfants, Suzanne et son frère Joseph insouciants,
vénèrent et craignent aussi Mme Mère ! Celle-ci pousse sa fille à entamer
une relation et surtout un mariage avec Monsieur Jo. Celui-ci est riche, ce
qui n’est pas négligeable. Il est attiré
par Suzanne, elle ne sait pas trop ce qu’elle désire.
Le texte est magnifique, le long monologue de la mère sur
les blancs colonisateurs, qu’elle souhaite voir passer dans l’autre monde, sans
pitié pour ceux qui l’ont ruinée.
Il y a surtout l’Indochine et le paradis perdu à jamais
pour Suzanne et Joseph. Pour l’interprétation, une mention particulière pour
Agathe Molière et Tania Torrens. La mise en scène est d’autant plus
intéressante que la transposition théâtrale n’est pas évidente pour ce roman.