Ron Hutchinson
Mise en scène Daniel Colas
Thierry Frémont : Ben Hecht
Daniel Russo: David O.
Selznick
Samuel Le Bihan :
Victor Fleming
Françoise Pinkwasser : la secrétaire
Vous connaissez « Autant on emporte le vent » ? Vous
voulez connaître une anecdote réelle sur l’histoire du film ? et bien la voici,
sans doute corrigée et améliorée par Ron Hutchinson…
1938. Dans le bureau de
Selznick, c’est déjà la guerre ! Il a viré le réalisateur Georges Cukor et le
scénariste, il trouve le scénario trop long et mal écrit, le tournage de « Autant on emporte le
vent » est arrêté, ce qui coute une fortune par jour. Selznick a du « nez »,
il est certain de faire un grand film, il croit en cette histoire d’amour, il a
engagé le grand Clark Gable et Vivien Leigh, jeune actrice britannique à la
beauté fascinante.
Il engage Ben Hecht scénariste, auteur prolifique, mais celui-ci n’a
pas lu le roman de Margarett Mitchell et n’a pas l’intention de le faire !
Il débauche également Victor Fleming, en
plein tournage du « magicien d’Oz » avec la jeune Judy Garland qu’il
a giflée !
Il prend donc en otage les deux hommes pour refaire le scénario, et il
ferme à clé le bureau, avec pour seule nourriture, des bananes et des
cacahuètes…
Mais surtout, tâche ardue, ils doivent mimer à Hecht toute l’histoire !
Ce qui donne comme vous pouvez l’imaginer, des scènes cocasses avec Russo/Selznick
dans le rôle de Scarlett sautant au cou de Fleming. Le Bihan/Fleming jouera d’ailleurs
successivement – bien obligé – la petite servante noire, Mélanie accouchant, Mélanie
mourante, et Gable envoyant promener Scarlett !
Fremont/Hecht très soucieux de belle littérature déteste l’histoire, et
surtout relève le racisme sous-jacent du livre, les sudistes et cette peste de
Scarlett ont la part belle. Il en parle à Selznick, lui rappelle qu’en Europe,
c’est le début des conflits, qu’ils sont juifs et ce qui se passe là-bas est alarmant,
qu’on ne peut pas laisser faire et surtout produire un tel film qui véhicule
des idées ségrégationnistes. Selznick n’en a que faire et déclare qu’Hollywood
est une machine à rêves et d’ailleurs, Hitler ou Staline seraient incapables de
résister à l’ambiance d’un studio de cinéma !
Le dernier acte est un vrai champ de bataille, les meubles renversés,
Selznick dort sur son bureau, Hecht cauchemarde et Fleming débraillé se
prend pour Chita, ils n’ont pas dormi depuis 5 jours. Enfin ils terminent non
sans mal le scénario, Selznick les libère.
Russo/Selznick peut enfin respirer, il s’installe dans son fauteuil, la
fin du vrai film est projetée sur l’écran. The End ! Le film a remporté 8
trophées (13 nominations), et pour la première fois une actrice noire a été nominée
dans un second rôle.
Certes, l’humour est parfois un peu lourd, mais les trois compères s’entendent
si bien, Le Bihan a d’ailleurs bien du mal à réprimer son fou-rire. C’est une comédie déjantée et jubilatoire
grâce à ce trio de comédiens. N’oublions non plus le seul rôle féminin, Françoise
Pinkwasser dans le rôle de la secrétaire soumise aux coups de gueule de son
patron mais efficace.
Théâtre du Gymnase jusqu’au 1er avril 2012 puis tournée en France.